Résumer quatre cents ans d’histoires, de
ce lieu et de cette école illustre au passé
agité, productif, culturel et humain, est
besogne impossible.
Commençons par décrire le lieu : Antoura
(la source du mont). Le village, une des plus belles
régions du cœur de mont Liban, le Kesrouan,
à majorité Maronite, Havre de paix,
d’hospitalité… Collines et vallées
où surgissent plusieurs sources d’eau arrosant
les terrasses de jardins potagers, légumes
et fruits et où poussent les amandiers, les
oliviers, la vigne, les caroubiers, le pin…
Aïntoura est en continuité avec Zouk,
où l’on peut compter des dizaines de clochers,
d’églises, de couvents, de métiers
de tisserands de la soie, des pâtisseries
locales, artisanales etc…
Aïntoura était un petit bourg formé
jadis de quelques maisons entourant la ruelle centrale
du village, un couvent des religieuses cloîtrées,
et cette résidence ecclésiastique
qui deviendra plus tard Collège et une des
premières écoles du Liban et du Moyen-Orient.
Fondé par les Jésuites qui établis
à Alep depuis 1625 d’où ils créèrent
des missions à Damas, une oasis dans la montagne
libanaise, grâce à la générosité
du Cheikh Abou Nawfal Khazen, grand ami des religieux
et de l’occident, et Consul de France à Beyrouth.
Ils fondèrent une maison de repos et un centre
paroissial à Aïntoura sous le patronage
de Saint Joseph dont la statue honore toujours la
façade d’entrée.
Les Pères qui parcouraient toutes les régions,
les plus éloignées, rentraient là
pour leur repos et pour reprendre des forces et
participent à la création de beaucoup
d’œuvres dans la montagne : instructions, catéchismes,
retraites, travaux, du premier concile libanais
à Louaizé (1736), fondation de séminaires,
couvents, confrérie du ‘Rosaires’. Jusqu’au
21 juillet 1773.
La maison fut abandonnée pour être
reprise par les pères Lazaristes en 1783
sur cession par le roi Louis XVI.
Une première période Lazariste s’étendra
jusqu’en 1834, année où l’on réorganisa
la mission et la création de l’école
actuelle par le père supérieur Monseigneur
Leroy, et l’aide du consul de France le célèbre
Monsieur Guy.
-Aïntoura, premier collège secondaire
d’Orient.
-Aïntoura, premier collège laïc
-Premier collège œcuménique recevant
des élèves de toutes confessions.
-Premier collège international d’Orient à
des jeunes de tous les pays voisins.
Durant les périodes de guerres civiles, de
massacre et d’occupation Ottomane, les portes du
Collège furent ouvertes, reçurent
et soignèrent des milliers de réfugiers
et de démunis.
Antoura devint un des premiers centres où
l’éducation a connu une grande floraison,
de grands talents, professionnels, médecins,
hommes de lettres, clergés, politiciens…
ont étudié dans cet établissement
des lumières.
Tous les notables accouraient pour placer là
leurs enfants doués.
Les pères Lazaristes formèrent les
futurs citoyens et préparèrent dans
le mandat des ‘Moutassarifia’ les générations
du Liban futur.
Les analphabètes au Liban étaient
très peu nombreux ; même avant ‘Aïntoura’
l’école modeste sous le chêne et sur
les bancs de l’église était présente
et active.
Tous les enfants ou presque y avaient fait leur
stage et d’autres avaient poussé leurs études
dans les séminaires ou chez des ‘Maîtres’.
Mais Aïntoura est plus qu’une école;
c’est un lieu de rencontre de tous les voyageurs
et Orientalistes, de tous les diplomates, religieux,
délégués, militaires, consuls,
Pachas, princes…
Un lieu de pèlerinage ouvert aux jeunes,
aux chercheurs de toutes religions, un centre de
rayonnement, d’activités, de formation, un
collège qui possède une âme,
un cœur qui bat au rythme de toutes les évolutions
du Liban et qui agit. Un Collège intégré
à la vie animée du Liban : à
Aïntoura on est chez soi, un climat de tolérance,
une ouverture a-politique, on respire la liberté,
l’amour, la charité.
Tous les orientalistes ou voyageurs y étaient
attirés lors de leur passage ; citer des
noms, la liste en sera très longue : Volney,
Jean de la Roque, Robinson, Lamartine, Gérard
de Nerval, Poujailat, Renan, le Comte de Paris,
Barrès, Henri Bordeaux, Pierre Benoît,
Dubamol etc.. Beaufort, Gouraud, Weygand…
Cet école fut le premier établissement
secondaire de tout l’Orient, rivalisant par son
enseignement avec les plus grandes écoles
de France ; il forma les plus grands de la Nation
en tous les domaines… députés, ministres,
zaïms de leur communauté, fils de consuls
et de diplomates…
Les documents, manuscrits, livres, journaux concernant
Antoura sont très nombreux.
Depuis 1834 et surtout depuis 1950 jusqu’à
nos jours, Aïntoura le village s’est très
étendu et épanoui, les maisons se
sont raccordées à celles de Zouk et
de Jounieh en réalité, tout le département
de Kesrouan est devenu une seule agglomération.
Au nord de Antoura vécut le célèbre
couvent de Hrache de religieuses cloîtrées
; le Patriarcat maronite au nord ouest, un grand
nombre de couvents au sud dont celui de ‘Saint Elie’
pour religieuses jadis cloîtrées.
Le bourg d’Antoura était très peu
peuplé au départ, ses habitants sont
venus de loin et de partout : du nord, de Beyrouth,
de Jbeil, du Jurd etc… du Kesrouan.
Le célèbre Tanios Chahine chef de
la révolution paysanne au Liban en 1850 s’inspirait
de Antoura, lui qui tenait les propriétés
de Pères Lazaristes à Reyfoun, mais
aussi s’autorisait de la Révolution Française.
Aujourd’hui, cet illustre établissement s’est
progressivement étendu et agrandi et aménagé
: devenu un externat mixte desservi par une flottille
d’autocars ou minibus, il écume toute la
région et abrite 3800 élèves,
350 enseignants, 135 employés, 75 chauffeurs…
que dirige un jeune père dynamique Monsieur
Nakad.
- Aintoura,
le soleil: >> Voir
la Vue << (2012-03-01)
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