Itinéraire: 5km de Byblos
sur l'autoroute (direction Tripoli), bifurquer à
droite et suivre la route qui passe par Jeddayel,
Chikane, Gharzouz puis M'aad (10km de l'autoroute).
Patron
de l’église: Mar Charbel d’Edesse:
Mar
Charbel d'Edesse était le chef des prêtres
païens qui sacrifiaient aux dieux d'Edesse
(de nos jours Urfa, Turquie). Converti au christianisme
ainsi que sa sœur Babai, il est martyrisé
à l'époque de l'empereur romain Dèce
(236-250), puis décapité. Sa sœur
Babai, présente au moment de sa mort, recueille
alors son sang sur sa robe en disant: « puisse
mon esprit être uni au tien en présence
du Christ, que tu as connu et en qui tu as cru »;
elle est martyrisée à son tour au
lieu même ou elle avait recueilli le sang
de son frère. La commémoration de
leur martyre à lieu le 5 septembre.
Histoire:
L'église,
qui relève du diocèse maronite de
Jbayl, est érigée sur des vestiges
antérieurs: les traces les plus anciennes
appartiennent à un temple païen sur
lequel a été érigée
une église byzantine (Ve - VIe s.), détruite
vers l'an 800, et rebâtie à l'époque
croisée (XIIe - XIIIe s.). A nouveau ruinée
en 1615, à l'époque ottomane, elle
a été reconstruite par un prêtre
maronite et les habitants de Maad en 1723. Des réfections
ont été effectuées à
la fin du XIXe siècle avec l'ouverture de
la porte nord et des fenêtres sur les murs
nord et sud.
Architecture:
Le
porche
Une sorte d'antichambre ou porche, dont la construction
est plus tardive, précède l'église.
L'espace sert actuellement de musée ou sont
exposés des chapiteaux, des bases de colonnes,
des cippes funéraires, et des fragments de
mosaïques qui remontent aux périodes
romaine tardive (III - IVe s.) et protobyzantine
(Ve - VIe s.). A gauche de l'entrée une dalle
funéraire d'époque croisée,
ornée de rosaces et d'entrelacs, pourrait
appartenir à la tombe de Hnt (Jeanne?), fille
unique d'un seigneur allemand nommé Kabanse,
qui se serait établi à Maad en 1243.
L'église
L'église, de plan basilical, est partagée
en trois nefs voutées en berceau. D'origine
romaine ou protobyzantine, les tambours des colonnes
sont superposés en vrac de telle sorte que
le chapiteau est parfois utilisé comme base
et vice versa. Une partie du dallage antique et
l'ouverture circulaire d'une citerne au milieu de
la nef (au niveau du chœur), datent de l'époque
du temple romain. La voûte centrale est décorée
de peintures tardives de style ottoman. A l'est
on peut voir deux absides superposées, procédé
très singulier, qui laisse supposer qu'il
s'agit ici de deux phases de constructions ou l'abside
inferieure appartient à l'église la
plus ancienne. Celle-ci abrite une fresque avec
la représentation d'une rangée de
sept saints: de part et d'autre de Mar Charbel (?)
a qui l'église est dédiée,
se tiennent les apôtres Pierre à gauche
portant les clés et Paul, à droite;
ils sont accompagnés des quatre évangélistes.
De part et d'autre de l'abside centrale deux portes
conduisent à des salles annexes rectangulaires
voutées en berceau. On peut voir derrière
l'abside centrale le seuil de l'ancien temple.
Mur
sud
On y contemple la Dormition de la Vierge qui regroupe
les douze apôtres autour de son catafalque,
ils sont identifiés par des inscriptions
syriaques. Parmi eux un ecclésiastique de
haut rang. Au centre de la fresque, le Christ contemple
sa mère et porte son âme figurée
comme un bébé emmailloté, la
mort étant considérée par les
chrétiens comme une renaissance à
la vie éternelle. Deux anges, dont l'un porte
un linge, s'apprêtent à accueillir
cette âme dans les cieux tandis que de part
et d'autre du Christ deux diacres tonsurés,
imberbes et revêtus d'une aube blanche, tiennent
un cierge allumé dans l'accomplissement d'une
liturgie funéraire.
De
l'autre côté de la scène au
niveau supérieur apparaissent deux apôtres,
arrivés selon deux traditions différentes,
en retard, Saint Bartholomée et Saint Thomas.
Au-dessous
du catafalque une scène qui accompagne parfois
les Dormitions: Un juif de Jérusalem, Jéphonias,
s'élance et se saisit de la bière
portée par les apôtres, et voici qu'un
ange du Seigneur lui tranche les mains avec une
épée de feu. A droite, le donateur
de la fresque se tient à genoux. Sa tonsure
indique qu'il pourrait appartenir au clergé,
diacre ou prêtre.
Dans
un autre cadre, à gauche de la Dormition,
figure Saint Jacques de Jérusalem, identifié
par une inscription grecque.
Mur
nord
On y voit une lucarne, dans laquelle se trouvait
un reliquaire en marbre contenant les reliques de
Saint Charbel. Elles ont été volées
à une époque indéterminée,
après le 15e siècle. Sur la couche
de peinture primitive, antérieure au 13e
siècle, un évêque portant un
omophorion blanc à croix noires, et une couronne,
est en vis-à-vis avec une sainte martyre.
Ce pourraient être selon diverses interprétations
l'empereur Constantin et sa mère, Hélène,
Saint Cyprien et Sainte Justine, ou Saint Charbel
d'Edesse et sa sœur Babai. Sous la lucarne figure
un donateur agenouille, à côté
duquel on distingue encore les bras tendus d'une
femme, une donatrice, dans une attitude de supplication.
La
deuxième couche de peinture, plus récente
(mi-13e s.), représente un évêque
coiffé d'une mitre latine, et une sainte
en vis-à-vis. Au centre, l'archange Saint
Michel tient une lance, et dans la main gauche un
globe où figure une tête de Christ,
avec l'anagramme de son nom, en grec: IC XC. Le
donateur de la fresque est représenté
à nouveau sur ce mur nord, dans la colonne
de gauche, agenouillé et tendant les mains
vers l'évêque.
Interprétation:
Les figures de donateurs témoignent que ce
lieu leur a servi d'ex-voto pour le salut de leur
âme. Les saints, comparant en leur qualité
de protecteurs et d'intercesseurs en faveur de l'humanité
ou des défunts, la présence de l'archange
Michel peseur des âmes le jour du Jugement
dernier, la Dormition de la Vierge, suggèrent
une symbolique funéraire.
Style
et datation:
D'un point de vue stylistique, les figures, sur
les deux couches présentent les mêmes
caractéristiques. Le langage artistique se
distinguant par l'absence du modèle, la frontalité
des poses, la rigidité de l'expression au
type oriental fait remonter ces peintures à
la tradition locale orientale qui a prospéré
au Mont Liban au XIIe siècle et le milieu
du XIIIe siècle.