Sur
le trajet en ligne droite allant de Obaidate à
Jej, le long de la vallée nord de Nahr el
Jej qu'emprunte une jolie route surplombant la dite
vallée, on parvient à un évasement
des pentes et à un large val: Lehfed.
Ce village est situé sur les hauteurs du
Caza de Jbeil, à 1100 mètres d'altitude,
au sud de Mayfouk et Jaj, dans un évasement
formé de plusieurs collines riches en sources
d'eau. Les sources sont nombreuses: n'importe quel
endroit où l'on creuse, l'eau jaillit abondante.
La terre est fertile et ses habitants sont de courageux
agriculteurs…
Collines, vallées, terrasses, plateaux ou
petites plaines, tout est cultivée, exploité.
L'air est pur, la nature y est d'une grande beauté.
Dans les siècles précédants,
les habitants de Lehfed offraient bénévolement
leur terres, arbres et biens au couvent de Mayfouq
et à leurs nombreuses églises.
Le mot Lehfed est d'origine araméenne, et
signifie la terre de la peur, ou d'origine syriaque
et qui veut dire l'Ancien Testament etc…
A Lehfed se trouvent plusieurs vestiges Phéniciens,
Byzantins et Syriaques ainsi que sept couvents,
cinq églises et plusieurs ermitages. Lehfed
fut habité depuis les premiers siècles
par les maronites: colline et église de Saint
Simon, l'église de Saint Elie qui fut une
résidence Patriarcale occasionnelle; l'église
Saint Saba sur la colline, l'église Saint
Haouchab l'évêché, résidence
d'été de l'évêque Maronite
de Jbeil - Byblos, etc.
Lehfed donna deux Patriarches: Youhanna (1151 -
1173) et Boutros, bien sûr el Lehfedi (1173
- 1199), car les deux ont pris comme nom leur village
Lehfed.
Lehfed donna aussi six évêques dont
l'illustre évêque Jebrayel Ben al Kilayi
le franciscain, et plusieurs ermites et anachorètes,
des saints dont le vénérable Frère
Estephan Nehmé récemment proclamé
Bienheureux.
Lehfed, terre sacrée, sereine et calme, terre
de vocations et de prières; des gens croyants
et courageux, simples, généreux, croyant
en Dieu et en la Sainte Vierge.
Lehfed est un centre d'estivage très renommé
et apprécié. Un centre touristique
aussi qui attire les croyants actuellement vénérant
le moine Estephan Nehmé. Lehfed eut son heure
de gloire et joua un rôle politique et national
majeur au sein de tout le monde Ottoman et oriental.
Ces habitants se révoltèrent en 1821
contre l'injuste gouvernement Ottomans et contre
le grand Emir Béchir II; Ils refusèrent
de payer des impôts disproportionnés
de l'Emir et la Sublime Porte. Ils résistèrent,
c'était une première dans ce vaste
empire Ottoman qu'une voix osa se lever contre l'injustice
du pouvoir central. Les sultans écrasaient
tout leur empire, imposant des impôts et une
dictature criminelle par la force - Plusieurs contrées:
Batroun, Kessrouan, le Nord etc… se joignirent à
la commune tenue à Lehfed. C'était
une révolution, on n'avait jamais vu cela
dans tout le Sultanat. L'Emir Béchir II soutenu
par la Sublime Porte envoya une armée à
laquelle se sont joints des volontaires: quelques
deux mille soldats et autres pour réprimer
les héros maronites qui avaient pris refuge
dans une impénétrable falaise stratégique
pour se défendre et résister. L'endroit
était sûr, mais des lâches et
traîtres voisins indiquèrent un sentier
et aidèrent les assaillants de l'Emir à
pénétrer dans la falaise.
Une bataille s'engagea qui fit des centaines de
tués, blessés, ou prisonniers. L'Emir
Béchir II recompensait, donnant 25 piastres
pour chaque "tête" qu'on lui présentait,
c'était apocalyptique! Les héroïques
maronites ont dû capituler La falaise existe
toujours et elle est renommée comme "Chir
Lehfed".
Pour atteindre Lehfed, on peut emprunter toutes
les routes de Byblos Jbeil: Jbeil - Amchit - Lehfed,
Jbeil, Saint Charbel Annaya, Lehfed etc…
Lehfed s'est doté d'infrastructures modernes
actuelles: Municipalité, réseau électrique,
routier, hydraulique, téléphoniques,
école, clinique, artisans, club culturel
et sportif etc… Il est aussi devenu un lieu de prière
et de recueillement. Une source, dite bénie,
est fréquentée par les pèlerins
non loin de l'église au sud, et son vieux
"chêne" et la maison natale de Saint
frère Estephan Nehmé, convertie en
chapelle ardente.
Peu de villages se distinguent comme Lehfed qui
fut un pionnier important dans l'histoire politique
du Liban.
Joseph Matar
- L'église
de Lehfed:
>> Voir
la Vue << (2014-09-15)
- Musée
Estephan Nehmé:
>> Voir
la Vue << (2013-10-15)