A 30 Km de Beyrouth sur la côte nord, un évasement
de collines abritant des jardins au milieu desquels
serpente un fleuve jusqu’à la plage de
galets que nous cachent les maisons rangées
dans la rue principale et unique du village “Okaybe”.
C’est la très humble embouchure d’un
fleuve autrefois célèbre, le Nahr Ebrahim,
(Que l’on croyait devenu Ibrahim, du nom d’un
personnage illusoire et qui vient des racines sémitiqes,
akkadien, syriaque… - “ebr” tombeau
et dérivés et qu’il faudrait traduire:
le fleuve des lamentations, ou la vallée des
Pleurs et des Pleureuses) car ce fleuve est illustre,
qui était au centre du “royaume”
de l’antique Byblos (à 10 km plus au
nord). Il a ceci d’étonnant, que passées
les collines de son embouchure, on le voit venir de
lointaines, et profondes gorges sauvages qu’il
a creusées dans sa jeunesse fougueuse, il y
a des centaines de milliers d’années.
Il était indomptable et violent alors, descendant
de son énorme source vauclusienne de Afqa,
à 1800 m. d’altitude pour un parcours
vers la mer d’à peine 20 km, bondissant
à travers les rochers qu’il a roulés
et lessivés, entre des falaises à pic
de plusieurs centaines de mètres où
s’agrippe une végétation luxuriante
de platanes, de chênes verts, et autres feuillus
verdoyants et que dominent à Machnaqa ou Chir
El Meidan, les vestiges impressionnants d’une
citadelle et d’un temple romains sur des assises
bien plus anciennes tel un phare observatoire sur
la prodigieuse vallée.
C’est que ce fleuve a très vite été
entouré de légendes. Sa prodigieuse
source d Afqa jaillissant d’une roche de 200
m. de haut fut regardée sacrée et consacrée
à la deésse de la fécondité,
Astarté, Ischtar ou Vénus. On y voit
les ruines d’un temple trés ancién
. Et les gens de Byblos célébraient
chaque année la mort et la résurrection
du jeune dieu Adonis q’un sanglier avait tué
dans la forêt sauvage et que sa soeur ou sa
fiancée pleurait inconsolable. Et l’on
disait qu’à chaque printemps, sous la
fonte des neiges, les eaux rougies du fleuve évoquaient
le sang du dieu et les anémones, son retour
à la vie…
Aujourd’hui, les hommes l’ont assailli
ce fleuve et l’ont dompté: des usines
électriques ont capté ses eaux fougueuses,
des jardins se sont installés dans les replats
de son cours… il est devenu le joyeux serviteur
des gens de la vallée, offrant cependant aux
touristes et aux amoureux de la nature des coins ombreux
sous lequels il fit encore gronder ses flots tumultueux.
Il est un coin particulièrement, “paradisiaque”
“El Janeh”, “El Firdaous”où
ce fleuve étale sa bonté à travers
des cailloutis et des roseaux et autres arbrisseaux
verdoyants.
A l’ombre des vestiges des piliers de l’aqueduc
romain qui le traversait en lui prenant son eau pour
la porter à Byblos. Et le joli pont arabe qu’il
faut gravir et descendre à quelques encablures
de l’embouchure.
- Fleuve Nahr Ibrahim - Janneh: >> Voir
la Vue << (2003-07-01)
- Fleuve Nahr Ibrahim - Chouwen: >> Voir
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