Que veut dire martyre? Et quand la personne humaine
peut-elle atteindre ce sublime sacrifice, si personnel,
si individuel, si convaincant?
En ces temps modernes où les révolutions
et les anarchies s'activent de partout, toute victime
est nommée martyre. C'est clair et ne nécessite
pas d'explication. Pourtant le martyre est celui
qui accepte la mort, la torture, la souffrance...
en témoignage de sa foi, d'une cause, d'une
conviction religieuse ou patriotique...
Les martyrs sont tous des Saints, des héros.
En ce Liban, Terre de Saints et de martyrs, est
née la petite Aquilina, l'aiglonne en cette
pittoresque ville qui était et qui est toujours
Byblos.
C'était vers la fin du 3ème siècles
A.D. caractérisé par les persécutions
et le massacre des Chrétiens. L'Empire Romain
tentait de survivre et d'éviter sa décadence
au temps de l'empereur Dioclétien.
Aquilina était née vers l'an 280 à
Jbeil-Byblos et fut baptisée à l'âge
de 9 mois par l'évêque Utilios de Byblos.
Vers les 9 ans Aquilina avait perdu son père.
Elle était intelligente et sage et fut formée
à la foi Chrétienne prés de
l'évêque Utilios.
Elle prêchait la Bonne Nouvelle à tous
ses concitoyens non encore tous devenus Chrétiens,
par sa bonne conduite et la piété
de sa maman.
Elle fut remarquée par le gouverneur Romain
païen Volutianus, qui comme tous les petits
ou grands potentats, veulent profiter de leur puissance
et s'amuser.
Le martyre de notre petite débuta.
Elle refusa les offres de cet homme en lui opposant
qu'elle était Chrétienne, alors il
la fit saisir et enlever et la soumit à divers
supplices. On lui fit subir les aiguilles, les alènes
au feu rouge d'une oreille à l'autre, on
la fit passer sur un peigne métallique chauffé,
brûlant qui lui déchira la chair, mais
rien à faire. Aquilina s'obstina et offrit
ses souffrances au Christ. De nouveau en chauffant
au rouge de longues aiguilles (des alènes)
qu'on lui enfonça dans la tête; son
cerveau aura éclaté, elle était
morte; on emporta son corps et on le jeta dans les
décombres en dehors de la ville; mais la
Providence divine avait voulu qu'elle revive: On
dit qu'un ange vint la ranimer et la guérir;
elle se releva et retourna dans sa ville vers le
gouverneur pour lui montrer et prouver la réalité
du miracle, ce dernier furieux ordonna qu'on lui
tranchât la tête, c'était le
13 Juin 293.
Les habitants Chrétiens de Byblos prirent
son corps et l'enterrèrent en dehors de leur
ville (Histoire des Maronites, ...), un enterrement
discret, tout émotion, larmes, prières
et respect. Aquilina avait donc douze ou 13 ans
en 293 A.D. ce 13 Juin.
Ce jour devient l'anniversaire de son martyre, chez
les Byzantins, les Latins, et les Maronites. On
ne connait pas aujourd'hui l'endroit de son tombeau,
on suppose que c'est du côté de N.D.
el Maounet, ou N.D. Maritime, ou N.D. Al Makbousseh,
un lieu où l'on voit les ruines d'un petit
temple en dehors des limites de la ville et qu'on
a toujours nommé temple de N.D. d'Aqualina.
On instaura une petite chapelle dans le vieux souk
au temps du service paroissial du Père Attallah,
moine et supérieur de Antoche. Les actuels
Patriarches, leurs béatitudes Mgrs Rai du
temps qu'il étaient évêques
à Byblos 1988 et sa béatitude Patriarche
Sfeir, la bénirent solennellement, ce lieu
est devenu depuis lors un oratoire de silence et
de prières journaliers.
Ste Aquilina est honorée à Byblos
et dans tout l'Orient à l'instar des Saintes
Agnès à Rome, Lucia à Naples,
Agathe à Syracuse.
On avait érigé une chapelle à
Constantinople en son honneur, elle aura été
détruite par un incendie en l'an 532.
Des quatre coins du monde affluent les croyants
et les Chrétiens tournant les yeux vers la
terre des Saints "Charbel, Rafca, Hardini,
Estephan, Aquilina et autres.
Les fidèles visitant la chapelle deviennent
de plus en plus nombreux, lui adressant leurs prières
et demandant sa grâce.
Les visiteurs des vestiges de la ville ancienne,
la plus ancienne en cet Orient: Citadelle, port,
murailles... tous millénaires terminent souvent
leurs parcours par un arrêt en la petite chapelle
constamment allumée et décorée
qu'est Aquilina.
Un peintre de la région avait peint la Sainte
en jeune fille vêtue d'une robe blanche et
d'un manteau rouge, priant, agenouillée avec
devant elle les instruments de sa torture: Des alènes,
un racloir, un cimeterre, un cèdre et un
ange dominant la scène.
Chaque année, le 13 Juin, toute la ville
Chrétienne est réunie autour de la
dite Chapelle pour un office religieux de très
haute tenue, que préside l'évêque
et qui entourent tous les moines des monastères
voisins.
Elle mérite bien cela, la petite.
Joseph
Matar
- Eglise
Aquilina :
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la Vue << (2013-12-15)