La maison Lahoud à Amchit construite sur
les vestiges de plusieurs civilisations (l'on dit
treize?).
La
plus ancienne partie, "une relique" est
une grotte creusée dans la roche au 3ème
siècle A.D. celui où les Chrétiens
se cachaient pour prier et célébrer
leur culte.
Une
autre partie est érigée sur les restes
des fondations d'une synagogue, en plus d'une ancienne
citerne d'eau et un cimetière. Les juifs
étaient les banquiers du temps des Abbassides
et ils résidaient là jusque vers 960
après J. Christ. C'est à cette date
effectivement, que fut rasé le fameux Deir
Mar Maroun de l'Oronte en Syrie lors de l'arrivée
des Turcs seldjoukides.
C'est
autour de cette date, 10ème siècle,
qu'arrivent les trois anciennes familles de Amchit;
Les Karam, les Kallab et les Obeid, venus du nord,
qui occupèrent les lieux et construisirent
l'église "Saydet al Bayader" face
à la maison Lahoud située au sommet
du site de l'agglomération du village.
La
famille Chiite des Hamadé régnera
sur cette région du 15ème siècle
jusqu'en 1763; ils en furent repoussés par
l'émir Youssef Chéhab devenu le gouverneur
du Mont-Liban Nord (1760 - 1790).
Une
autre partie de la dite maison fut construite à
la fin du 17ème siècle.
On
y voit encore des "meurtrières"
dans les murs est et sud, aménagées
pour la défense contre les envahisseurs.
A
partir de cette époque, plusieurs familles
maronites se sont lancées dans le commerce
et sont devenues les marchands les plus puissants
du Liban. Parmi eux se distingua un grand entrepreneur:
Lahoud Mansour Obeid, né au début
du 18ème siècle et qui est l'ancêtre
de l'actuelle illustre famille Lahoud. Il acheta
beaucoup de propriétés, entre autre
les terrains se trouvant autour de l'église
Sainte Marie (As’Sayde) et de sa propre maison,
don’t une partie existait deja, créant ainsi
le "Quartier Lahoud".
Son
fils aîné, Farés Lahoud est
devenu l'un des trois plus puissants commercants
du Liban, les autres étant Mikhael Toubia
et Béchir Jumblat. Il construisit sur cette
partie existante une demeure en forme de U orientee
vers le sud.
C'est
Mikhael, son fils aine qui a agrandi au milieu du
19ème siècle la partie supérieure
de la maison et crea une cour intérieure,
fermée, donnant sur une galerie de quinze
arcades, aux motifs décoratifs donnant vers
l'Est et le Sud; en même temps, il aggrandit
les caves en voutes dans le sous sol comme structure
a cet ajout.
La
maison Lahoud fut endommagée par deux puissants
tremblements de terre: l'un en 1860 et l'autre en
1918; la partie qu'avait construite Mikhael Lahoud
fut particulièrement touchée, laissant
de grandes fissures dans les parois récentes
et la galerie.
Durant
la seconde guerre mondiale, en 1940, son fils Farés
Bey Lahoud décida de restaurer la maison,
mais au lieu de conserver et respecter les origines
de la construction, il démolit plusieurs
murs pour en faire deux demeures au lieu d'une,
car il avait quatre fils et il voulait léguer
une maison à chacun d'eux; mais ce projet
n'a pas été réalisé:
son fils aîné, le magistrat Mikhael
Fares Lahoud a hérité des deux maisons
objet de mon étude.
En
1988, son fils Bassam, architecte et restaurateur,
aménage les 800 m2 des anciennes caves en
voute et les transforme en un studio d'art: Atelier
Bel.
En
1998, il fonda la Maison Libanaise de la Photographie
et établit dans l'Atelier Bel un espace d'exposition
et un musée de la photographie.
Il
existe un projet consistant à restaurer l'ancienne
maison, telle qu'elle était avant 1940 en
unissant à nouveau les deux maisons pour
n'en faire qu'une seule et en faire une propriété
en lieu commun "Inshallah".
Joseph
Matar
- Maison Bassam Lahoud: >> Voir
la Vue << (2013-10-15)