La Qadicha,
et la vallée de Qannoubine. Du sacré,
de la sainteté au noviciat
Une vallée différente de toutes les
autres au Liban. Elle est unie à celle d’une
grande Nation, à une communauté unique
: les Maronites.
Un des joyaux de la nature au nord Liban, une vallée
creusée au pied du plus haut sommet de la
chaîne libanaise, le Qornet el Saouda (3083m).
La vallée Qadisha (en araméen : la
sainte, la sacrée) à partir de Tourza
se divise en deux ailes : la vallée Qozhaya,
et la vallée de Qannoubine.
La vallée que traverse un ruisseau dénommé
pompeusement ‘Nahr Qadisha’ (avant de devenir vers
Tripoli à l’ouest : Nahr Abou Ali) s’étend
au travers d’un glacis circulaire d’à pics
de plus de 200m de verticalité, sur une profondeur
de 20km, jusqu’à l’énorme moraine
que couronne le fameux bosquet des cèdres
millénaires du Liban.
La vallée de Qannoubine débute à
900m d’altitude pour atteindre 1900m plus haut au
pied de Qornet el Saouda.
Une sainte vallée, ici chaque rocher, pierre,
caillou, tronc, arbre, particule etc… porte les
empreintes d’un vestige d’une grande civilisation.
Qannoubine (cénobites, vie communautaire,
par opposition à ermite le seul).
Sur le versant de la montagne se trouvent des centaines
de grottes où ont vécu des saints
anachorètes, une eau limpide et sacrée
serpente au fond de la rivière. Ici, des
dizaines d’églises, de couvents, de sanctuaires
… de grottes où reposent encore nos patriarches
se découvrent et que l’on atteint par des
sentiers aux pentes vertigineuses. C’est notre Panthéon,
notre Saint Denis notre cathédrale de Reims,
à la fois une forteresse et un siège
imprenable où de nombreux Patriarches maronites
ont aménagé leur résidence
ou refuge entre 1440 et 1823 pour tenter de se soustraire
aux invasions des mamlouks puis des turcs.
Une vallée dont les parois basées
et percées de laures saintes, évoquent
le paradis et qui se voit couronné par le
prestigieux bosquet de cèdres millénaires.
Comme une Jérusalem céleste et terrestre…
Qannoubine est les deux à la fois, haut lieu
de refuge et de prière durant plus de mille
ans, la vallée résista aux envahisseurs,
aux intégristes, aux conquérants de
tous bords.
Couvents, églises, ermitages, caveaux… sont
semés partout. On a découvert des
dizaines de corps bien conservés depuis des
siècles, des poteries, des pièces
anciennes des peintures et des fresques se trouvent
… sur les rochers et parois à l’intérieur
des grottes et des églises… des patriarches
reposent dans la paix du Seigneur.
Sur la crête circulaire tout autour de la
vallée, se dressent les villages : au sud,
Hadet el Joubbé (à 1450m) d’où
l’on a une vue splendide sur tout le cirque, puis
Hasroun et Bekaa Kafra, le village le plus élevé
du Liban où est né le célèbre
ermite moderne Saint Charbel, puis tout au fond
l’énorme agglomération de Bcharré
où est né le célèbre
poète Khalil Gebran (1893-1931), et au retour
nord vers l’ouest les villages de Hadchit, Blouza,
Ban et Ehden qui fait face à Hadet et qui
renferme la dépouille du héros de
l’indépendance du Liban : Joseph Bey Karam.
La vallée, très encaissée,
offre sur ses flancs et sur son lit des grottes
et ermitages célèbres et millénaires
où vivent et se réfugient des moines,
et clergés… de l’église maronite et
d’autres moins nombreux, même des musulmans,
éthiopiens etc… venaient s’isoler et adorer
Dieu. On peut visiter sur les hauteurs de Hoca un
ermite contemporain vivant dans la solitude, faisant
pénitence, priant loin du monde, un certain
père Colombien : Padre Daria Escobar entré
dans l’Eglise maronite, faisant partie de l’ordre
des moines libanais. Le sanctuaire de Saint Antoine,
le couvent et l’église de Notre Dame de Qannoubine,
où une fresque du Christ entouré par
la Vierge et Saint Stephan. En plus deux niches
où sont représentés Saint Joseph
portant d’une main l’enfant Jésus de l’autre
une scie de menuiserie, et une effigie du prophète
Daniel. Sur la façade nord de l’église
on voit le couronnement de la Vierge par la Sainte
Trinité et une foule de patriarches…
On peut visiter le sanctuaire de Sainte Marina dont
l’histoire est très populaire, même
légendaire. La célèbre sainte
Marina déguisée en moine toute sa
vie, et la grotte de Sainte Marina, le chêne
de Sainte Marina etc… le sanctuaire est rupestre
à peintures religieuses très anciennes
et très abîmées.
La grotte d’Al Assi ‘le résistant, le têtu’
la grotte d’Assia, la grotte de Sainte Barbara…
La ‘Nation’ maronite considère cette vallée
comme son berceau spirituel, on vénère
les tombeaux des patriarches, au-dessus de la crête
sud qui surplombe la vallée, ils ont toujours
leur siège patriarcal à Dimâne.
La visite de ces lieux naturels féeriques
et de légende est des plus passionnantes
au travers des sentiers en lacets le long de parois
rocheux à vous couper le souffle pour atteindre
tout à coup un sanctuaire aux peintures défraîchies
et naïves remontant au plus haut moyen âge.
A Qoshaya se trouve un vrai musée des instruments
de villages d’autrefois et on y découvre
une imprimeries en lettres syriaques et arabes datant
du 17e siècle. Cette vallée est célèbre
pour sa résistance armée aux entreprises
de conquérants arabes, mamlouks, ou Turcs
au long des siècles…
Les cèdres qui couronnent cette vallée
sont les restes d’une forêt qui couvrait autrefois
toute la chaîne du Liban : on en voit encore
à Jej, à Hadeth à Tannourine,
au Barouk. Ceux dits de Bcharré peuvent atteindre
25m de haut et 12m de circonférence : sur
les 200 qui restent, une douzaine sont millénaires.
Et le cèdre est devenu l’emblème monumental
du drapeau. Ici on oublie soi-même se libérant
de toute matière pour communier avec le divin.
Joseph Matar
- Hermitage
de Hawqa: >> Voir
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Qannoubine: >> Voir
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