Entre
la ville de Batroun et celle de Chekka, à
quelque 60km, sur la côte, au Nord de Beyrouth,
s’élève un haut plateau qui barre
l’horizon Nord et domine la mer de sa falaise abrupte
de quelque 200 mètres de haut, séparant
ainsi le Liban-nord du Liban-sud.
L’accès
de ce haut plateau très escarpé est
des plus acrobatiques : on y parvient soit par la
route côtière au travers d’une faille
géologique, soit en le contournant par la
vallée de Nahr el Jaouz que défendait
une citadelle pittoresque sur un rocher : Mossayleha.
Ce
vaste plateau triangulaire abrite, en sa partie
la plus haute à l’Est, un village de Roum-orthodoxes
: Hamat (mot akkadien qui signifie : ‘citadelle’,
ou ‘forteresse’, ou ‘l’imprenable’.) De fait, plusieurs
fois nommé dans la Bible, il constituait
la limite Nord du royaume de Byblos, aux 3èmes
2nd et 1er millénaires avant J.C., un repaire
d’insoumis et de brigands rançonneurs de
voyageurs ; il fallut que l’illustre général
romain Pompée s’en rendit maître en
l’an 66 avant J.C.
Ce
haut plateau se recommande aujourd’hui par l’abri
qu’il offre, face à la mer, à un célèbre
couvent médiéval appelé ‘Deir
Nourriye’, le couvent des lumières, qui surplombe
la mer de ses deux cents mètres. L’endroit
est féerique, un nid d’aigle, d’où
le regard s’étend sur la mer bleue intense
à des distances prodigieuses. Un belvédère
imposant que les grecs avaient appelé ‘Théou
prospon’ (le ‘visage de Dieu’, ou ‘l’image imposante
de la Divinité’ face à la mer !).
On
raconte que des voyageurs perdus en mer au cours
d’une tempête furieuse en pleine nuit, avaient
vu une lumière éclatante sur ce haut
lieu et avaient été sauvés.
Une stèle et sa mosaïque de couleurs
y a été élevée au sommet,
dédiée à la Vierge à
l’Enfant invoquée universellement, par les
marins comme ‘Stella maris’, ‘Etoile de mer’ et
représentant le miracle du vaisseau en perdition.
Près
de la stèle, s’élève le couvent
datant du 6e siècle après J.C. du
temps de l’empereur byzantin Justinien. Il est desservi
par le clergé orthodoxe, et des sœurs en
assurent la garde, la propreté et les prières
rituelles.
Ce
couvent, élevé sur les vestiges de
temple plus ancien, comprend un ensemble de chambres
sur deux étages et enfermant un joli cloître
à colonnes et sa cour intérieure,
un véritable asile de paix comme dans tout
monastère. Cette cour donne accès
à la chapelle, un monument très artistement
construit offrant une belle iconostase et des peintures
byzantines naïves dont certaines sont très
anciennes. Ce lieu est celui d’un véritable
pèlerinage pour nombre de familles, les dimanches
et jours de fêtes et résonne alors
d’admirables chants et cantilènes. On vient
y célébrer baptêmes et mariages
en grandes festivités joyeuses. On y voit
aussi venir par beau temps des familles entières
de pique niqueurs ou de troupes de jeunes scouts
et autres promeneurs qui ne peuvent se lasser de
jouir de l’admirable coup d’œil sur la mer et sur
l’abrupte falaise.
Mais
à mi-hauteur de celle-ci, perdu dans les
buissons et les rochers on découvre un ancien
petit monastère rupestre de quelques chambrettes
pour anachorètes. On y descend par un chemin
tortueux aménagé dans la broussaille.
On y visite une petite chapelle rustique très
enfumée avec des icônes noircies par
les fumées de bougies que les nombreux, hardis,
et fervents visiteurs viennent y allumer. De là
aussi, le coup d’œil sur la mer et sur la falaise
est ravissant. Le caractère quelque peu sauvage
et fruste de ce coin de solitude noyé dans
une végétation exubérante devait
plaire à ces ermites avides de silence et
de contemplation. Il fait la joie et force le respect
de tous ceux qui y descendent.
L’ensemble
des lieux de ce haut plateau en font un objet de
vive attraction et mérite vraiment qu’on
lui accorde un détour, de préférence
un jour de grande animation festive.
Jean De Lalande
-
Deir Nourriye, couvent des Lumières:
>> Voir
la Vue << (2007-04-01)
- Deir Nourriye, couvent des Lumières:
>> Voir
la Vue << (2011-09-01)