«Kfarhazir… J'avais l'impression qu'un
arc en ciel aux multiples couleurs s'était
écrasé là»
Le poète Joseph Matar
… et pourquoi pas? Le porc n'est-il pas une créature
animale comme les autres? Sa chaire n'est-elle pas
des plus délicieuses dans la consommation?
Son élevage facile, sa reproduction n'est-elle
pas très abondante? C'est une matière
première de grande nécessité
dans l'agroalimentaire, la nourriture des masses,
des plus riches aux plus pauvres?
Un
nom d'origine araméenne (Kfar : village,
hazir : porc), ou bien le nom d'un dieu égyptien
Osiris (ou Ausire) ou le dieu phénicien Adonis,
qui veut dire le lieu protégé par
le dieu Osir?
Situé
à une altitude de 320 à 350 mètres,
Kfarhazir aurait dû être rattaché
à Batroun ou au Mont-Liban, mais dans l'Administration
il fait partie du Nord vu la barrière infranchissable
de Chekka, et qu'il fallait à d'autres époque
détourner en passant par les hauteurs de
Kfarhazir.
Kfarhazir
est un village paisible et ensoleillé, un
village de rêve et de charme dans le Caza
de Koura à 70 km de Beyrouth, et une plaque
tournante entre Tripoli, Beyrouth, le Nord et les
Cèdres.
Je
l'ai connu bien avant, au début des années
cinquante, on était obligé de passer
dans ce sanctuaire pour aller au Nord, Becharré,
Ehden, les Cèdres etc… La nature ressemblait
encore à ce matin de la création,
il n'y avait que les touches et les empreintes du
Créateur. L'homme n'avait pas encore débuté
la destruction systématique de ce village.
Du
haut de la colline, telle une main ouverte et accueillante
Kfarhazir recevait les passants. Des oliviers, des
amandiers, des figuiers, la vigne, des bigaradiers,
des arbres fruitiers et forestiers poussaient sur
cette colline. Des étendues semées
de blé sur ce petit plateau en terrasses,
un village plein de vie durant toutes les saisons.
J'avais l'impression qu'un arc en ciel aux multiples
couleurs s'était écrasé là.
Ce village en particulier me rappelait ces lieux
de notre enfance où régnaient le charme,
l'innocence, la pureté. On respectait la
nature, on était ivre par sa musique pastorale,
c'était un tremplin duquel on avait accès
au paradis.
Une
cinquantaine d'années viennent de s'écouler.
Les axes routiers, l'autoroute vers le Nord et les
Cèdres, les ruelles intérieures, l'infrastructure,
les poteaux électriques etc.. voilà
la nature qui perd petit à petit son charme.
Actuellement,
avec le manque de respect dans l'application des
lois, la corruption bat son plein. Récemment,
je suis passé par Kfarhazir et j'ai été
terrassé : je n'ai pas reconnu ma belle !
L'environnement se massacre tous les jours, la pollution
règne.
A
Kfarhazir, on note la présence de vestiges
archéologiques qui remontent jusqu'aux Romains
et plusieurs monuments à visiter: Mar Youhanna
(Saint Jean) une église historique; le vieux
souk du village; des grottes historiques; des caveaux
creusés dans le rocher et les églises
Notre Dame, Saint Jacques, Mar Yaccoub, une très
ancienne église, Saint Theodoros… Ainsi que
des sources d'eau dont l'historique "Ain Youqachi";
les pressoirs d'huile et deux grand restaurants
érigés dernièrement : L'Octogone
et le Chamelon.
Ajoutons
à cela, des zones industrielles qui normalement
ne doivent pas se trouver à l'intérieur
d'un tel village. A Koura il faudrait avoir une
seule zone qui rassemblera toutes les industries...
Il reste beaucoup à faire afin d'éviter
les ravages des carrières de sable ou de
pierres d'une manière si sauvage.
Récemment,
avec les Verts et les défenseurs de l'environnement,
les choses vont peut-être bouger. De grandes
manifestations ont eu lieu comme l'arrêt par
les villageois de plus de 70 camions qui transportaient
des rochers des carrières pour la cimenterie
de Chekka et dont les fumées et la pollution
envahissaient toute la région. De plus, il
y a aussi des industries que je qualifierais de
"criminelle" comme les abattoirs et les
tanneries où les peaux sont traitées
à moitié, on dégage une grande
partie de leur saleté et on envoie ce qui
reste plié et nettoyé en Egypte, Turquie
et ailleurs pour alimenter les usines de cuir. Ces
industries dégagent des odeurs nauséabondes
et sont très polluantes. Un comité
a vu le jour pour planifier et sauver Kfarhazir
d'une destruction imminente.
Kfarhazir
mérite notre attention et une visite de notre
part.