Khan El Saboun - La Famille Hassoun et l'artisanat
du savon
AJ'ai abordé dans des articles antérieurs
l'historique du savon dans le monde et au Liban. Cet
article sera dédié à l'ensemble
du grand projet des "Hassoun" et leur aventure
dans la fabrication du savon.
L'aventure débuta à Tripoli qui fut
un centre animé dans toute la région
du Nord et du Koura, région où les oliviers
sont abondants et d'autres herbes aussi, dont les
essences et les huiles essentielles étaient
de grandes nécessités : le laurier,
le bigaradier, la sauge, la lavande, le miel etc…
Pour les habitants de la région c'était
leur gagne pain : olives, huiles, savons et d'autres
composés de détergents et de produits
cosmétiques, les artisans savoniers cherchaient
à améliorer leur production en qualité
et en présentation. Chaque famille avait sa
savonnerie et son savoir faire, ses secrets, ses recettes,
ses clients, ses tours.
Les Hassoun sont des notables de Tripoli, c'est une
famille aisée et possédant de vastes
propriétés d'oliviers, d'orangers et
de citronniers. De plus, ils possédaient des
boutiques et des maisons dans les rues les plus chics
à l'époque, dans le quartier "Nourieh"
où se trouvent des vestiges antiques importants.
Dans ce quartier, le grand-père des Hassoun,
Hage Abd el Rehman, vendait sa production : huile,
olives, savons, miel, herbes fines, etc…
Hage Bachir Hassoun, le frère du grand-père
dirigeait cet artisanat; sa réputation dépassa
les frontières du Liban malgré son âge
de 96 ans, jusqu'au jour où l'industrialisation
programmée a envahit les régions, les
usines mécaniques et robotisées s'emparèrent
du marché familial et artisanal, la machine
remplaça l'homme, la production augmenta sauvagement,
plusieurs savonneries fermèrent leurs portes
ou firent faillites devant les grands capitaux.
Le chômage domina tout le secteur, d'anciens
"patrons" devinrent de simples ouvriers,
la production s'élevait par centaines de tonnes,
le monde venait de changer, c'est la règle
du jeu, c'est l'évolution.
Ce métier artisanal commença par régresser
et disparaitre, quand à la famille Hassoun
qui n'avait plus de ressource autre qu'un atelier
d'orfèvrerie, de bijoux et d'or, car le fils
de l'un des aïeux avait monté cet artisanat,
ce qui fait que plus d'un dizaine des leurs trouvèrent
des emplois dans ce domaine.
J'aime mentionner que plusieurs femmes de la famille
Hassoun n'ont pas abandonnées la production
du savon et de certains produits cosmétiques
et médicinaux.
La grand-mère âgée de 115 ans
dictait d'anciennes recettes et secrets aux jeunes
filles. Badr, un autre membre de la famille, continua
à vivre spirituellement ce noble métier,
ses coutumes, sa nostalgie, sans savoir qu'un jour
il retournera à son métier traditionnel,
celui de sa famille, tout en innovant en savons parfumés,
huiles essentielles pour massage et autres produits,
lui qui était encore dans l'orfèvrerie…
Pendant l'été 1985, son atelier, sa
salle d'exposition, ses coffres, et toute sa fortune
furent volés. Après avoir tout perdu,
lui qui aimait le sport et la nature décida
de créer un sanatorium pour le traitement,
par les herbes, du corps humain. Il encouragea ses
enfants à pratiquer le sport, à respecter
la nature et l'environnement, en tant que croyant
il prêchait que cela était la volonté
de Dieu qui gère notre sort et toute l'existence.
En 1985, Hage Bachir Hassoun, répondant à
la volonté de Badr, rentra d'Amérique
avec ses enfants.
Badr n'avait rien à perdre après avoir
perdu sa fortune à Tripoli. Les propriétés
de la famille à Khan el Saboun à Tripoli,
existent toujours.
Hage Bachir résida six mois au Liban durant
lesquelles il apprît tous les secrets à
Badr afin qu'il devienne un excellent parfumeur et
fabriquant de savons.
Toute la famille se remis dans cet artisanat : femmes,
hommes et enfants ils produiront une centaine de savons
qu'ils exposèrent devant le magasin. Ils obtinrent
l'admiration des gens, l'élite, la presse,
les visiteurs se pressaient de partout.
Les Hassoun engagèrent alors d'autres artisans
pour les aider.
Badr Hassoun se vit, en peu de temps, le porte-étendard
de l'artisanat du savon. La presse européenne,
les stations TV, les radios et les medias en parlèrent.
La Fondation Badr Hassoun fut à la une, elle
fut un point central pour le tourisme et le patrimoine.
Badr Hassoun, ambitieux et courageux, travailla pour
l'évolution de ce métier. Il avait le
sens de la nouveauté, de la créativité
et il inventa de nouvelles formules pour ses savons
: aux essences naturelles, parfums et aux couleurs
diverses.
Dans l'espace de cinq ans, l'étoile de Bader
commença à briller, de son nom, il fit
une marque déposée avec l'interdiction
d'imiter au Liban ou ailleurs. Bader Hassoun devait
assumer beaucoup de responsabilités, il fit
des contacts et s'ouvrit à la modernité.
Il approfondit ses connaissances en la matière
et fit de nouveaux produits : savon médical
et cosmétiques.
De nouveau c'est la prospérité, dans
plusieurs domaines rattachés plus ou moins
à l'artisanat, (menuiserie, forgerons, imprimeurs,
etc…) en plus de la main d'œuvre, l'importation, l'exportation,
le Khan du Savon fut de nouveau réanimé.
La Fondation Hassoun collabore au niveau des écoles,
encourageant les échanges sur beaucoup de niveaux,
surtout Européens, d'experts qui y donnent
des conférences, des recherches, afin d'améliorer
le précieux savon.
Mais à Tripoli, ville antique, les embouteillages
sont fréquents, beaucoup de gens et peu de
terrains vides. Ils décidèrent de sortir
de la ville et s'installèrent non loin de Tripoli
dans la région du Koura où Badr Hassoun
possède une grande propriété.
Dans le village de Dahr el Ain, limitrophe de Tripoli,
il créa un village touristique respectant l'environnement
pour son atelier et sa savonnerie. Là, se trouve
une grande salle d'exposition pour ses ensembles cosmétiques,
ses produits de beauté, herbes, miel, une salle
de bain Libanaise, un SPA, un alambic géant
jadis utilisé dans la distillation etc… Se
trouvent aussi les bureaux administratifs pour gérer
la fondation, un grand restaurant bio, la place du
village, le four et la boulangerie où tout
est bio, un petit jardin potager, une petite ferme
pour les animaux domestiques, et un hôtel en
construction.
Un projet touristique très étudié,
l'accès à Dahr El Ain est plus facile,
les gens peuvent passer toute une journée en
ce lieu féerique et pittoresque.
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