A 25 Km au nord de Beyrouth, et sur le coude grâcieux
d'une des collines qui enserrent la jolie baie en
arc de cercle de Jounieh dominée par la Vierge
de Harissa.
Ce fut d'abord un modeste couvent élevé
au 17ème s. par les soins de la famille El-Khazen,
qui ont toujours à honneur d'être représentés
aux cérémonies solennelles du Patriarcat.
Au temps du Patriarche Youssef Estephan (Né
à Ghosta au Kesrouane et qui éleva
le couvent Mar Youssef El-Hosn en son village natal
où il mourut et fut enseveli), le couvent
de Bkerke fut acheté aux Khazen par la Soeur
Anne Hindiyeh Ojaimy pour en faire la maison fondatrice
de religieuses du Sacré-Cœur, et c'est
dans la chapelle de ce couvent que fut enterré
le Patriarche Philippe Gemayel (1796).
Ce fut le Patriarche Youssef Hobeiche qui convertit
le couvent en résidence patriarcale en 1823,
en même temps qu’à Dimane pour
résidence d'été, mettant ainsi
fin à la vieille résidence du fond
de la vallée sainte a Qannoubine. Et c'est
le Patriarche Youhanna El-Haj (1890 - 1898) qui
l'aménagea dans sa configuration actuelle.
Le Cardinal Patriarche Nasrallah Sfeir y a ajouté
une aile en 1995 pour salles de réunion,
archives et musée patriarcal; il a aménagé
un cimetière pour les Patriarches et embelli
la chapelle de vitraux.
En 1997, le 10 mai, Sa sainteté le Pape Jean-Paul
II l'a visitée.
Cette résidence est un haut lieu de référence
à la fois religieuse et politique. Le Patriarcat
de l'Eglise Maronite a été crée
en 687 a l'initiative du Pape Saint Serge (qui était
de Homs) et de l'évêque saint Jean
Maron (de Kfar Hay, caza de Batroun) au terme des
dissensions théologiques et politiques (entre
Byzantins et Arabes d'une part, et Jacobites et
Kalcédoniens d'autres part).
La résidence patriarcale fut à Kfar
Hay de 687 à 938, puis dans la région
de Jbeil (Mayfouk-Ilij) de 938 à 1440, et
à Qannoubine dans la vallée sainte
(La Qadisha) de 1440 à 1823.
Le Patriarche maronite a toujours joui au cours
de l'Histoire du "Proche-Orient" d'une
autorité religieuse et politique indiscutée.
Il fut toujours regardé par les autorités
tant Ottomanes à Constantinople, qu'occidentales
aussi bien les rois de France que la République,
comme les représentant autorisé des
aspirations de son peuple, toutes les communautés
chrétiennes confondues; se faisant "naturellement"
l'interprète de leurs revendications et de
leurs doléances: rien de grand sur le plan
politique ne se fait sans sa participation active
et recherchée; Il est une des grandes voix
morales de l'Orient que toutes les Puissances entendent
et respectent. Il préside "naturellement"
l'assemblée des Patriarches et Evêques
de tout le Proche-Orient.
Ce Patriarcat s'est vu illustré par des Patriarches
de tout premier plan sur le plan religieux, communautaire,
culturel ou politique: cf. " Histoire des Maronites",
de Boutros Daou, p.390 et 507... Tels saint Jean
Maron, le fondateur, ou sa B. Elias Hoyek, le plus
actif promoteur de la reconnaissance du Liban comme
nation a la conférence de la paix en 1919,
cf. Idem p.964.