Je me souviens, encore tout jeune, tenant ma mère par la main ou par la robe, de crainte de me perdre en passant la place des canons, juste en face de la préfecture de Police où stationnaient les taxis de Aley… Je me souviens entendre les chauffeurs crier de pleine voix: «Aley, Aley, un client pour Aley»…
J’ai connu Aley par mes oreilles, je m’imaginais un centre d’estivage de grande beauté, luxueux et fréquenté par la bourgeoisie…
Sur les pancartes publicitaires, je lisais : « tel spectacle, chanteuse, etc. à Aley : le casino d’Aley, etc. » bien avant Baalbek et le casino de Maameltein … Mon idée d’Aley? … un endroit privilégié pour une élite V.I.P.
Jusqu’au jour où j’ai passé par Aley et plus tard visité Aley – Tout était vrai, Aley chef lieu de caza du même nom : une belle région montagneuse, d’environ dix collines, la plus élevée étant Ras El Jabal (tête du mont) , à 20 km de Beyrouth à 850 m de moyenne d’altitude.
Le nombre de ses habitants l’hiver avoisine les 50.000 h et l’été dépasse les 100.000.
Aley dessert tout le caza et se trouve sur l’axe routier Beyrouth – Damas. C’était un bourg, un petit village, mais à partir de 1892 – 1895 lors de la construction du chemin de fer Beyrouth-Damas sous la «moutassarifiah», Aley s’est transformée en une ville importante. Centre estival de première importance, lieu résidentiel favori des magnats du pétrole, des Emirs, des riches et milliardaires Libanais de la région et de la bourgeoisie. Les résidences, les villas, les chalets, les palais, les hôtels (à 3, à 5 étoiles), les foyers, les parcs municipaux, les jardins, etc. se trouvaient partout.
Eglises, mosquées, couvents, écoles, … etc. Restaurants, Casinos, cafés, boites de nuits, centres de loisir, de sports, piscines, etc. Aux activités qui se poursuivaient nuits et jours… La nuit, Aley était illuminée comme un soleil. Sur l’axe et boulevard principal, les vitrines richement décorées, les hôpitaux, les cliniques, les centres commerciaux, le sérail et la municipalité, le tribunal, etc. toute l’infrastructure d’une grande ville. Ce qui est encore typique à Aley, c’est le souk ou marché : là paysans, agricultures, commerçants, vendeurs et vendeuses, acheteurs,… se mêlent et forment un ensemble pittoresque surtout avec les costumes si typiques des cheikhs avec leur turban…
De grandes manifestations se déroulaient à Aley où les plus grands artistes du monde arabe Abdel Wahhab, Oum Kalthoum etc. venaient animer les soirées.
Durant les évènements, Aley comme d’autres régions, a été très endommagée.
Depuis les années 90, Aley est devenue un grand chantier ; restaurations et constructions, créations de parcs, jardins et nouvelles zones, etc. Il reste encore beaucoup à faire … mais Aley a repris un meilleur visage, une nouvelle mentalité ..., grâce à ses intellectuels, ses artistes et surtout son dynamique président de la municipalité.
Aley a pris figure de centre artistique et culturel : des symposiums de peinture et de sculpture ont vu le jour … ; des centaines d’artistes de tous les pays du monde ont réalisé des œuvres qui se trouvent dans la ville. La municipalité assure à l’artiste le matériel et l’aide nécessaire : bloc de pierre, plâtre, fer, bois, bronze et main d’œuvre etc.
Les sculptures et monuments agrémentent les rues et places de la ville : un parc de sculptures et d’œuvres d’art, un musée en plein air, une nouvelle fête des artistes et de l’art on vu le jour : expositions, récitals, orchestres, théâtres, conférences, rencontres, sports. La culture est contagieuse tout comme autrement des maladies infectieuses… Actuellement des dizaines de villages se mettent à l’œuvre imitant Aley… Aley est une ville propre ; ses balcons fleuris et verdoyants, décorés par des sculpteurs … comme le Phénix, Aley renaît de ses cendres.
Joseph MATAR
- La Ville de Aley: >> Voir la Vue << (2006-01-01)
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