Entre les deux chaînes de montagnes du Liban
et de l'Anti-Liban, orientées nord-sud et parallèles
à la côte orientale de la Méditérranée,
s'est creusée une haute vallé d'effondrement,
riche et fertile : la Békaa, devenue passage
immémorial des caravanes nord-sud du Croissant
fertile. Et en son centre géodésique
le plus élevé, à 1200 m. d'altitude,
lieu de partage des eaux de deux fleuves : le Nahr
el Assi ou Oronte qui coule vers le nord et le Léontès
ou Litani vers le sud, s'est constituée, autour
d'une énorme source vauclusienne ; Ras el Aïn,
une ville aux jardins prospères et abondamment
arrosés, centre plurimillénaire de relais
et d'échanges caravaniers, que son site particulièrement
ensoleillé, a fait appeler Héliopolis
(Hélios = soleil; polis = ville) au temps des
grecs et que les habitants de la vallée appelaient,
eux, Baalbek ("au Dieu de la Vallée").
Ses peuples anciens, ici les Cananéens, étaient
très religieux : cf. le prophète Malakiyah
1/10-14. Des temples avaient été édifiés
là au Dieu El, appelé par la suite :
Baal, c'est à dire : "le Maître"
de la Terre et des Cieux (ef. Genèse 14/18-20).
Lorsque les Grecs (Alexandre en 332 av. J.C.), puis
les Romains (Pompée en 66 av. J.C.), eurent
conquis "tout l'Orient" (le Mashrek), ils
firent élever en ces lieux, au long des 1er,
2ème et 3ème siècle après
J.C., un ensemble religieux grandiose, le plus grand
de toute la Méditérranée, aux
dieux de la triade sémitique : le Dieu El (devenu
Baal, puis Jupiter), sa parèdre Ishtar ou Atargatis
(devenue Vénus) et leur "enfant"
Adoun (adonis en grec, devenu Mercure chez les Romains).
Le temple le plus impressionnant, celui de Jupiter,
88 m de long sur 48 de large, était juché
sur un immense soubassement de pierres et de terre
à 13 m au dessus des sols ambiants et ceinturé
d'un mur cyclopéen gigantesque de blocs de
pierre de 10 m de long sur 4 et 5 d'équarrement.
La cella ou choeur adossée à un trilithon,
de trois énormes pierres barlongues de 20 m
de long sur 4 et 5 d'équarrement (chacune environ
750 tonnes). Une quatrième, taillée
de même, 20 m sur 4 et 5, se voit restée
dans la carrière originelle. Le péristyle
autour de la nef était de 54 colonnes dont
10 frontales, de 20 m de haut et 2.2 m de diamètre,
en trois tambours ; elles portaient un entablement
de 5 m de haut, corniche et frise de lions, de taureaux,
d'acanthes, et modillons de perles (raisins) et d'oves
(olives). Sauf 6 colonnes restées debout, les
tremblements de terre et les destructions intéressées,
ont tout renversé pêle-mêle, laissant
voir le luxe sculptural inouï dont ces artistes
religieux ou fins politiques avaient paré cet
ouvrage.
En avant du temple, une immense cour de 135 m de long
sur 113 de large, au-dessus de souterrains la portant
à 7 m de hauteur au dessus des sols ambiants
; deux grandes vasques rectangulaires faisaient état
d'étang sacré ; tout autour de la cour,
un péristyle richement ouvragé abritait
des exèdres ou bancs de pierre face à
des corniches sculptés. Précédant
cette cour, plus à l'Est, une autre cour plus
petite, hexagonale, manière de porche monumental,
60 m d'axe! Egalement entourée d'un portique
et d'exèdres. Et en avant de cette cour, une
galerie = les propylées, de 12 colonnes, auxquelles
on accéde de par un escalier monumental.
Le second temple, dit aujourd'hui "de Bacchus"
à cause des sculptures à motifs bachiques
par endroits, était plutôt celui de la
parèdre de Baal, la Baalate, Ischtar ou Atargatis.
Il est très bien conservé et fait l'admiration
des connaisseurs et des touristes: 70 m de long sur
35 de large, entouré d'un péristyle
de 48 colonnes de 20 m de haut portant un entablement
à frise de lions, taureaux, acanthes, richement
sculptés. La porte d'entrée monumentale,
13 m de haut sur 7,5 de large, finement ouvragé
; la nef aux colonnes cannelées engagées
dans le mur ; la cella, le choeur, 27 m de long sur
22 de large ; l'adyton ou autel de la divinité,
surélevé, en font un monument religieux
de premier ordre.
Le troisième temple, plus petit, dit aujourd'hui
"de Vénus" plus à l'Est est
une merveille de goût et de finesse, une porte
de 6 m de haut sur 3 de large, précédée
d'un portique à double colonnade ; un cella
ou choeur admirablement sculpté de guirlandes…
Cet ensemble grandiose de temples offre chaque année
le cadre de festivals sans rivaux dans tout le Moyen
Orient : théâtre, musique, folklore,
… son et lumière, qui en font un haut
lieu de mémoire, de culture et d'émotions
de haute valeur.
- Fouilles à Baalbeck: >> Voir
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