admin
Site Admin
Joined: 09 Mar 2007 Posts: 529 Location: Jbeil Byblos |
|
Liban Exemplaires |
|
Souvent dans notre cher « L’Orient- Le Jour » nous lisons toutes les misères du Liban. Pourtant, j’ai découvert encore une fois une manière d’espérer. Étonnamment, c’est dans la liberté de la presse. Peut-être parce que je suis Français, que ne sachant pas toutes les subtilités de la langue arabe, forcément mon éventail de lecture en est réduit.
Dans le drame sanglant que vient de traverser la Presse Française nous voyons que les mots et le crayon peuvent entraîner la mort violente. Justement la Presse Libanaise pourrait, à mon avis, donner à leurs collègues Français l’exacte définition des mots « Sacré », « blasphème », « sacrilège » que parfois on confond avec le mot valise de tabou. Le mot « sacré » a un sens très fort, sa transgression appelle le sang. Depuis « Amour sacré de la Patrie… », jusqu’au meurtre de Remus, par son frère Romulus, pour avoir franchi, par dérision, le premier sillon qu’il traçait : limites de la fondation de Rome. Le blasphème reste l’injure suprême. Un de mes chers amis Français vivant au Liban depuis 1954 me disait que parfois un très jeune Libanais se plaignait à son professeur de son camarade : « Il m’a blasphémé », alors que ce n’était qu’un manque de politesse voire une injure. Cela nous faisait aimablement sourire. Mais au fait dans « Hara-Kiri Hebdo» le journal « bête et méchant » plus encore dans sa suite « Charlie-Hebdo » n’y aurait-il pas confusion des mots, dès le titre ? Le Seppuku ou Haraki-Kiri consiste en un suicide rituel pour prouver son honorabilité. « Charlie Hebdo » vînt pour contourner l’interdiction du titre de novembre 1970 « Bal tragique à Colombey ; un mort ». C’était par dérision morbide avec le drame, épouvantable des 146 morts d’une discothèque la semaine précédente. Cette « une », à l’époque, avait été jugée suffisamment irrespectueuse envers l’ancien Président de la République pour en justifier son interdiction.
J’apprécie que le Ministre des Affaires Étrangères du Liban soit allé à la manifestation internationale à Paris mais vous aurez la sagesse de ne pas trouver « Charlie-Hebdo » même dans les librairies les mieux pourvues. Dans ce sens, on s’arrête au « Canard Enchaîné ». Il nous arrive le vendredi. Je le lis avec intérêt, tente de finir les mots croisés mais j’évite l’Album de la Comtesse.
Est-tout ? Non, chers amis journalistes Libanais ! Dans l’autre bout de l’arc politique vous n’avez pas la fameuse loi « Pléven-Gayssot » qui a rétabli le délit d’opinion. C'est-à-dire que, si simplement, vous contestez certaines « vérités » une foultitude d’associations subventionnées par la République Française vous envoie à la XVII chambre du Tribunal correctionnel de Paris car vous avez commis un délit. Encore heureux que les législateurs n’aient pas poussé jusqu’aux Assises en criminalisant une simple divergence d’expression. Nous n’en étions pas loin. Eh bien malgré cela le quotidien « Présent » et l’hebdomadaire « Rivarol » arrivent à assurer une parution régulière. La justice et les fameuses associations scrutant chaque ligne, chaque caricature essaient depuis des années de les exécuter financièrement. Par un clin d’œil du destin la caricaturiste de Rivarol se nomme Mme Françoise (Pi)Chard. C’est presque Charb (onnier) de Charlie-Hebdo. Jusqu’à maintenant ils survivent en toutes légalités. Ces titres-là vous ne les trouveraient pas aussi au Liban, mais pas pour des raisons libanaises. C’est la distribution sélective française qui en est la cause.
Nous trouvons dans la presse libanaise des réflexions libres et pertinentes qu’il est impensable de retrouver dans la presse française.
Il est vrai qu’il y a d’autres mots qui entre la France et le Liban prennent un sens tout autre. Essayez le mot « virginité » envers une demoiselle ! En France à partir de 19 ans on se doit de compter ses amants ! Combien de Libanais pour ne pas perdre leurs filles sont-ils revenus des belles autoroutes franciliennes vers nos chers embouteillages. Faut-il prendre le mot « Père » ? C’est encore plus désastreux : on va du méprisant paternalisme pour s’élever au père biologique qui monte sur une grue de 30 m pour pouvoir voir son fils un week-end sur deux.
Chers amis Libanais, si vos défauts sont les garants de vos qualités que Dieu vous garde tels que vous êtes, même sur les routes encombrées. Savez-vous qu’en France il y a trois fois plus de suicides que de morts sur les routes balisées, sans compter les radars donnant douze millions de contraventions annuelles pour des excès dérisoires. Je me contenterai de faire, avec plaisir, comme vous : on accélère légèrement quand les feux viennent à l’orange, on téléphone au volant, on patiente, on essaie d’éviter les trous en choisissant les moins profonds. Personnellement, il y a une semaine sur la route d’Atchéné par un mauvais calcul, un trou, m’a bousillé la jante avant gauche d’une voiture louée ; changement de pneu sous la pluie et la neige.
Chers Libanais, je mesure toute la saveur de la presse libanaise dans sa francophonie avec les bulletins nécrologiques : une dame mère de famille se souvenant de la mort de son « papa » il y a vingt ans, pour son centième anniversaire, un autre, celui d’un élève se souvenant de son professeur d’éducation physique au moment de sa mise en terre. Puis de tant d’autres honorant, avec les expressions françaises les plus justes, la disparition d’un être cher. Verriez-vous cela dans la Presse Nationale Française voire Régionale du fin fond de sa province ?
Le Liban a stupéfié le monde en 1975 en résistant à la vague Communiste emportant un pays tous les six mois. Il aurait pu devenir une sorte de République Yéménite Populaire, celle d’Aden. Pourquoi aujourd’hui la Providence ne lui assignerait-elle pas un nouvel exploit ; pouvoir relever avec courtoisie et justesse le défi de l’Islamisme radical ? Je crois, Dieu aidant, vous, Libanais y arriveriez. N’avons-nous pas vu un fleuron économique de l’industrie automobile française sauvé par un Libanais ?
Michel Rouvière
Adonis Zouk Mosbeh, Immeuble 4 secteur 5, rue 55 ; 09 218 903 ; 76 896 797
|
|