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Monseigneur Elias Hoyek - Patriarche Maronite d'Antioche |
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Monseigneur Elias Hoyek - Patriarche Maronite d'Antioche et de tout l'Orient 1843 -1931 par Joseph Sokhn
Dans l'histoire des peuples comme dans la vie des individus, il existe des figures dont le souvenir demeure ineffaçable dans la mémoire des hommes.
Parmi ces figures qui ont fait montre d'un ardent patriotisme; le Patriarche Elias Hoyek reste l'exemple des grands chefs religieux maronites qui ont brillamment œuvre, dans des situations extrêmement complexes et délicates, pour l'indépendance du Liban.
Certes, ce grand prélat a réussi a faire franchir au Liban une étape historique vers le monde moderne et la liberté. Le Liban n'oubliera jamais les terribles souffrances que ses habitants endurèrent durant la première guerre mondiale, ni, l'aide, combien efficace, de Mgr Elias Hoyek.
Né parmi les paysans et les chevriers, il demeura simple sa vie durant. Prêtre, évêque puis Patriarche, tout l'argent qu'il recevait était destiné à la communauté et aux miséreux. Il ne pensa jamais à restaurer sa maison natale à Helta. Par contre, il fit planter d'oliviers et de céréales ses domaines et la récolte lui rapportait annuellement une coquette somme d'argent qui allait à la communauté. Il fit construire le palais de Dimane qui domaine la Kadicha et la vallée sainte de Kannoubine ou reposent dix-sept patriarches maronites, décédées entre 1549 et 1850. Quant à la résidence patriarcale de Bkerké dont le style rappelle celui des anciens couvents du Liban, elle fut restaurée et édifiée par Mgr Hoyek lorsqu'il était encore vicaire patriarcal. Toutefois on ne saurait nier que toutes les richesses de ses terres il les versait à la communauté.
Des centaines de personnes et de visiteurs mangeaient à Bkerké tous les jours. "Le siège patriarcal, disait le Patriarche Hoyek, est la maison de tous les Libanais''.
Durant la première guerre mondiale, les Turcs le surveillèrent de très près et cherchèrent à maintes reprises à l'humilier personnellement en tant que symbole de résistance au Liban. C'est pourquoi le Moutassareff du Liban l'avertit au nom de la Sublime Porte des conséquences et des responsabilités qui pouvaient résulter de son attitude agressive vis-à-vis du Sultan.
Pour atténuer les soupçons et calmer les esprits, il publia le 12 novembre 1915 une circulaire dans laquelle il invitait ses compatriotes à être fidèles aux instructions données par le Moutassaref et les responsables turcs résidant au Petit Liban.
Mais les espions de la Sublime Porte devaient fournir des preuves indubitables à Istanbul concernant l'attachement exceptionnel du Patriarche et des Maronites à la France, alors en guerre contre la Turquie. En juillet 1915, le général de l'armée ottomane Djamal Pacha invitait le Patriarche Hoyek a venir lui rendre visite à Sofar localité à 150 kilomètres de Diman, et ce afin d'humilier une fois de plus, le patriarche de la montagne. Hoyek refusa de se rendre à Beyrouth et de la à Sofar. Changeant de tactique, Djamal Pacha, résolut alors de gagner la sympathie du prélat maronite au lieu de s'attiser son antipathie. En mars 1915, le frère du Patriarche est déporté avec d'autres Libanais. L'éminent prélat fut donc forcé de rendre visite à Djamal Pacha. Ce dernier, loin de l'arrêter, se montra assez conciliant et demanda au Patriarche de solliciter, secrètement, les bons offices du Pape auprès des Alliés afin de modifier leur attitude à l'egard du Sultan.
La dernière visite du Patriarche Hoyek à Djamal Pacha date du 3décembre 1917. Djamal désirait ardemment entrer en contact avec les Alliés afin de leur faire savoir par l'intermédiaire du Patriarche Hoyek que son gouvernement était prêt à dialoguer avec eux et même à rompre avec l'Allemagne. Mais c'était trop tard, les Alliés pressentant déjà leur victoire. Djamal rentra à Istanboul en janvier 1918. Un peu plus tard il sera assassiné par un Arménien.
Apres la défaite de la Turquie et l'entrée des Allies dans les pays du Levant, l'influence du Patriarche Hoyek devint très grande. C'est lui qui sauvera le Liban et se rendra à Paris pour plaider la cause de son pays au nom de tous les Libanais. Muni de procurations collectives de la part des Chrétiens, et des Mahométans du Liban, il prend le bateau à Jounieh le 15 juillet 1919. Il passe un mois à Rome et arrive à Paris le 21 août. Le 25 octobre il expose à la conférence de la Paix les revendications du Liban. Le 10 novembre, Clemenceau rassure le Patriarche sur le succès total de sa mission.
Le Grand Liban venait de naître.
En effet, le premier septembre 1920, le général Henri Gouraud, haut-commissaire de la République Française et commandant en chef de l'Armée du Levant, proclamait la naissance du Grand-Liban. Dans le parc de la Résidence des Pins, des milliers de Libanais étaient venus entendre la proclamation historique du General Gouraud. Deux vieillards entouraient le Haut-commissaire: Le Patriarche Maronite Elias Hoyek, et le Mufti Cheikh Moustapha Naja.
A quelques kilomètres de la côte, dans le ''Jurd'' du Batroun s'élève une localité: Ibrine. Là un couvent domine la région:
La maison-mère des Sœurs Maronites de la Sainte-Famille, ordre fondé par le Patriarche Hoyek en 1895.
En 1893, hôte de Assaf Bitar à Kfifan, Elias Hoyek déjà archevêque titulaire d'Accra, rend visite à deux religieuses établies depuis peu dans le village. De cette rencontre devait naitre la congrégation des Sœurs Maronites de la Sainte-Famille. Mère Rosalie (Takla Nasr, de Kleiate, religieuse des Dames de Nazareth, et Mère Stéphanie (Afifé Kardouche) acceptèrent l'idée proposée par le Patriarche de fonder une congrégation pour s'occuper de l'éducation des jeunes libanais. En 1926 le Patriarche Hoyek confie aux religieuses la direction de l'hôpital construit, à Beyrouth, par le père Joseph Getaoui (Hôpital Libanais).
Les dix dernières années de sa vie, le Patriarche Hoyek les consacra à des taches éducatives et sacerdotales. Toutefois, il continua à exercer une influence morale considérable. Il publia une trentaine de circulaires la dernière date du 8 décembre 1930. Elle traite de l'amour de la patrie et s'adresse à tous les Libanais et à tous les hommes de toutes les religions et de toutes les conditions.
Elias Hoyek, eut à affronter la haine et les vexations des Ottomans. Il sut cependant, résister à toutes les épreuves notamment le cauchemar des années 1914-1918 qui arracha à nos foyers de milliers de victimes.
Il se distingua par sa vaste pensée, son énergique caractère et surtout par cette lucidité et ce réalisme qui le rendaient supérieur aux autres. Il lutta jusqu'au bout contre vents et marées, pour l'indépendance du Liban et sa souveraineté.
Hoyek appartient à cette lignée d'hommes qui forcent le destin et déchainent les forces profondes des hommes libres. Soutenu uniquement par la confiance du peuple libanais et l'affection de la France et du Vatican, il réalisa le Liban d'aujourd'hui par sa volonté de fer et son admirable sagesse. Son patriarcat est l'âge d'or de la Nation Maronite.
Malgré la gloire qui auréola sa vie, il sut demeurer le père aimant qui se penche avec charité sur les humbles et les pauvres. Il passionnera, longtemps encore, les historiens et demeurera pour la hiérarchie ecclésiastique maronite un grand exemple.
Il mourut en 1931 et fut enterré dans la crypte de style ogival libanais, de la maison-mère de la Congrégation des Sœurs Maronites à Ibrine.
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