Le Rayonnement Philosophique de l'Ere Islamique

Dans l'âge d'or de la civilisation islamique, l'éclat et le développement de la culture, de l'art et de la philosophie, auront été avant tout un ensemble harmonieux dont le rayonnement dépasse de loin, par son éclat et son souffle, la culture et la civilisation occidentales de l'époque.

Certes, l'immense empire arabe du VIIe siècle était doté d'une civilisation extrêmement riche qui devait garder jusqu'à l'aube du 20e siècle ses formes de culture. Toutefois, malgré l'avènement des gens simples de la conquête islamique, je veux dire les Khalifes 9les quatre envoyés de Dieu) et l'arrivée au pouvoir de la dynastie Omeyyade, on constate indiscutablement d'une part, l'influence des réussites poétiques antérieures à l'Islam, et d'autre part, la valeur incomparable de la langue du Coran. Ceci nous fait rappeler un peu les origines de l'art de Byzance qui, devant les nécessites religieuses nouvelles, fit emprunt aux diverses formes d'art gréco-romain et persan. Et c'est ainsi que s'infiltre dans une ambiance de liberté un peu désordonné, un nouveau souffle architectural et artistique, notamment en Afrique du Nord et en Espagne.

Quoi qu'il en soit, nous ne saurions oublier en aucun cas le passé glorieux des guerriers arabes sortis d'un pays désertique, excentrique et pauvre et qui, en l'espace de quelques années, sont devenus les maîtres des centres millénaires de culture et de civilisation.

Quant à la pensée islamo-arabe et son cachet philosophique (Falsafa), ils n'étaient pas issus directement des instructions coraniques, car les Arabes de la conquête n'avaient pas le temps ni les aptitudes de se livrer aux recherches scientifiques et philosophiques. Par contre, les idées philosophiques commencèrent par se répandre dans le monde musulman à la suite des traductions d'œuvres grecques éditées en Syrie et à Bagdad. Ce fut Aristote qui acquit la plus grande popularité parmi les penseurs musulmans, notamment en ce qui concerne le raisonnement et la forme de la certitude. En outre, une idée purement utopique s'enracina chez les grands philosophes de l'Islam qui est la suivante: L'ACCORD PARFAIT ENTRE LES IDEES DE PLATON ET D'ARISTOTE.

D’où sortit par la suite la science de la parole (IIm Al Kalam).

Cependant, on ne peut nier le développement d'une certaine philosophie indépendante chez les penseurs musulmans tels que AL-KINDI dont la théorie dicte ceci: On ne peut comprendre la philosophie sans la connaissance des mathématiques.

Vint ensuite AL-FARABI, originaire du Turkestan qui vécut au Xème siècles et qui tenta d'adapter la philosophie grecque à la pensée religieuse des Orientaux. Enfin Ibn Sina (Avicenne) Al-Gazali et Ibn-Rochd (Averroès) lancèrent leurs idées théologiques sociales et philosophiques dans le monde islamo-arabe.
Tout ce rayonnement philosophique de l'Ere musulmane, qui s'étendit de Bagdad à Grenade, avait un sens profondément théologique et doctrinaire qui soulevait directement ou indirectement le problème de la création du Créateur et de l'homme.

Le souvenir de l'Imam Ali Ben Abi Taleb

Parmi les opposants les plus farouches au régime des Omeyades, figure l'Imam Ali, gendre et cousin du Prophète. Certes, Ali n'entendait pas être évincé, fit front à l'orage et abaissa tous ses ennemis, excepté le plus puissant d'entre eux, Moawiya, le chef suprême de la Syrie. Ces querelles politiques furent engendrées à la suite de la succession du Prophète. Car rien n'avait été prévu pour élire une personnalité marquante qui succéderait temporellement au Prophète.

Un arbitrage devait se prononcer à Odroh lequel aurait pour résultat la désignation du Khalife.

Un grand nombre de partisans d'Ali décident de récuser cet arbitrage qui n'avait aucune raison d'être, puisque le Prophète lui-même avait nommé Ali comme son successeur. Ils abandonnent donc la cause du Khalife défaillant et se retirent aux environs d'Al Koufa. Ils prennent le nom ''Kharidjites'', c'est-à-dire de ''Sortants et commencent une opposition sérieuse au régime. Mais en définitive, ils échouent et se refugient dans le Maghreb; leur doctrine était basée sur la rigueur et l'autorité spirituelle.

Quant à Ali Ben Abi Taleb, il avait été dupe de l'arbitrage d'Odroh. Ses partisans forment une secte la ''Chiia'' (le parti d'Ali).

Les chiites se prononcent en faveur du Khalifat héréditaire, mais contre les Ommayades de Syrie, qui usurpèrent les droits d'Ali et de ses descendants.

En outre, Ali s'éloigne petit à petit du mouvement purement islamo-arabe et fait appel à des fideles en Perse et en Irak, parmi les opposants du régime.

Son but était de former une société idéale. Son succès en Perse se précisa lorsque son fils Al-Hussein épousa la fille du dernier roi Sassanide.

A partir de ce moment, le Chiisme s'implante en Perse, dont l'antique civilisation s'accommodait mal de la puissance arabe qui devait lui imposer une langue et une religion. Enfin, à travers le Chiisme, on vit naitre le principe politique à travers la religion, qui réserve à Ali et à ses descendants le droit de diriger la communauté.

Ainsi Ali acquit une importance de plus en plus grande dans le chiisme, mais il a souffert depuis sa naissance jusqu'à son assassinat le 17 Ramadan par Ben Ajlam, alors qu'il priait dans la mosquée du Koufa.

Il est mort avant terme avec le sourire comme un Prophète étranger dans son pays et parmi un peuple qui n'est pas le sien.

Joseph Sokhn - Couleurs Libanaises