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La contribution des Libanais à l'essor de la langue arabe |
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La contribution des Libanais à l'essor de la langue arabe par Joseph Sokhn
L'apparition des Abbassides, après les Omeyades, sur la scène de l'histoire littéraire arabe et leur influence marquante sur la culture et la politique, ne sont pas dues à un phénomène isolé.
Certes, nous savons tous que la péninsule arabique était située non loin des deux grandes nations de l'ancien monde: L'Egypte de la Babylonie. Or l'arrivée des Grecs en Arabie au temps d'Alexandre le Grand, modifia largement la culture de la civilisation du peuple arabe et eut une influence considérable sur l'évolution sociale et littéraire. Toutefois les tribus errantes du désert étaient totalement isolées du monde, tandis que les Arabes sédentaires, leurs frères de race, avaient des relations économiques et sociales avec les peuples d'Asie et d'Afrique.
Quant aux Abbassides dont le penchant pour les lettres était très sensible, ils ne tardèrent pas à faire rayonner dans toute la presqu'ile arabique, leur culture et leur attachement particulier aux hommes de lettres et aux poètes. Cependant vers 850, les Perses envahissent l'Empire Arabe et l'ombre de leurs conquêtes s'étend sur toute la péninsule. Il était donc normal que l'envahisseur impose sa langue et sa culture aux régions conquises et c'est ainsi que petit a petit la langue arabe commença par disparaître et tomber dans l'oubli.
En outre, l'occupation d'une partie du Moyen-Orient par Byzance et la décision de cette dernière de consacrer ses forces à la sauvegarde de ses intérêts dans cette région, eurent pour corollaire que la guerre avec la Perse entraina la ruine totale des villes et l'anéantissement des monastères et des couvents. L'envahisseur n'a jamais réussi à attaquer la haute montagne du Liban où les Maronites étaient établis prés de leurs Patriarches. Il est utile de signaler aussi que l'impopularité de l'administration byzantine et les défaillances techniques et politique des Omeyyades favorisèrent la nouvelle révolte abbasside en 747 suivie de la domination de Haroun-El-Rachid. Ainsi la Syrie et Damas étaient abandonnées et avec elles s'évanouissaient les dernières chances de la constitution d'un empire méditerranéen. La dynastie abbasside s'installa en Irak et Bagdad devint vers 762, le centre culturel et politique du monde arabe. Certes, le choix était heureux car la Mésopotamie restait à l'époque ce qu'elle avait toujours été depuis les temps les plus anciens, une contrée plus riche, plus favorisée que ses voisins.
Bagdad fut construit sur la rive ouest du Tigre sur un excellent emplacement pour un camp militaire. Toutefois, les chefs abbassides se firent remarquer par toutes sortes d'excès. Les Khalife entaient à peine musulmans, écrit Renan. Leur brillante civilisation sera toujours un mélange de vigourisme et de relâchement. La politique d'indépendance et de liberté qu'ils inaugurèrent ne se révéla pas payante. Voila pourquoi après que l'Islam eut connu sous les Abbassides son age d'or, il se heurta à des difficultes qui allaient bouleverser du fond en comble, toutes les données du problème et changer la face de la culture islamique, et c'est précisément le début de l'invasion perse et la décadence de l'ère abbasside et de la littérature arabe.
Au début du XIème siècle, seule la poésie persane remplace la poésie arabe et la langue syriaque se propage en haute montagne libanaise.
Les Libanais et la langue arabe
De part la situation géographique et l'histoire de leur pays, les Libanais sont portés naturellement vers les lettres et la poésie.
L'invasion ayant entrainé l'affaiblissement de la langue arabe le clergé en général et les moines libanais en particulier ne cessèrent jamais d'enseigner cette langue. Ils éditèrent les manuels scolaires qui furent imprimés au couvent de St Antoine de Kozhaya au Liban Nord, lequel avait publié en 1620 les premiers psaumes dans les langues syriaque et arabe.
Et c'est précisément grâce aux efforts intenses déployés par le clergé et en particulier par les anciens élèves du Collège Maronite de Rome que la renaissance culturelle et littéraire arabe a pu prendre son essor.
Parmi les hommes de lettres qui ont rendu d'éminents services à la langue arabe, figurent Nassif et Ibrahim Yazigi, Boutres Boustany et Ahmed Fares Chidiac, ainsi que Nicolas Turk et Boutros Karamé.
Après les Perses les Ottomans
Vers l'an 1516 la bataille de Marje Dabeq entre le Sultan Selim Ier et les Mamlouks ouvrit les portes de la Syrie et de l'Orient Arabe aux Turcs qui constituaient la tribu des Seldjoukides. Peuple militaire par excellence, endurci par des siècles de nomadisme et de misère dans les âpres solitudes de la Haute Asie, les Seldjoukides se convertirent à l'Islam, tandis que les Arabes et les Perses, les anciens maitres de l'Islam Oriental, laissèrent peu à peu, s'échapper de leurs mains, l'étendard du Prophète. Ainsi dès le XVIème siècle, le processus de dévolution du monde musulman à l'Empire Turc est achevé, le mot arabe disparaît de l'histoire.
Après cinq siècles de domination, le Liban gardait toujours son cachet particulier.
Les Libanais en Egypte
Vers 1870, les hommes de lettres fuirent la terreur ottomane pour l'Egypte qui à cette époque représentait une terre de liberté. C'est ainsi que le mouvement littéraire contemporain se développe rapidement à l'ombre des Pyramides et ce sont précisément les ecrivains et les poètes libanais tels que Gergi Zeidan, Daoud Barakat, Khalil Moutran Elia Abou-Madi et d'autres qui dénoncèrent le caractère limité de la forme romanesque et poétique en Proche-Orient. Dans l'ensemble la poésie libanaise s'est répandue à travers les pays arabes. Aux environs de 1910, nos grands écrivains et poètes adoptèrent la prose narrative pour relater les changements survenus depuis la guerre de 1914 dans les rapports sociaux.
Le Liban dont les assises économiques et politiques étaient annihilées par la Sublime Porte, dut subir avec la première guerre mondiale la famine, la terreur et l'émigration.
La crise de 1916 puis la proclamation du Grand-Liban et le mandat sont les principales étapes qui offrent aux hommes de lettres libanais de nouvelles sources d'inspiration.
Quoiqu'il en soit, la littérature arabe, grâce aux penseurs et aux journalistes et écrivains libanais, connut une évolution spectaculaire dans tout l'Orient Arabe.
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