« Le soleil gothique se couche derrière
la gigantesque presse de Mayence. » Victor Hugo.
Parler de Bibliopolis sans mentionner certains faits
serait injuste et voiler des vérités
indiscutables. ‘Victor Hugo, dans un des chapitres
de Notre Dame de Paris, où la lumière
se mêle à tant d’ombre, disait : «
Au Moyen Age, le genre humain n’a rien pensé
d’important qu’il ne l’ait écrit en pierre
». En 1832 Victor Hugo a dit vrai : «
la Cathédrale est un livre. C’est à
Chartres que ce caractère encyclique de l’art
du Moyen Age est le mieux marqué. La cathédrale
de Chartres est la pensée même du Moyen
Age devenue visible (Emile Male). Victor Hugo a vu
juste : la Cathédrale est un livre de pierre
pour les ignorants que le livre imprimé a peu
à peu remplacé, avec Gutenberg et la
démocratisation du livre qui circulait comme
de petits pains.
Avec Gutenberg l’imprimerie c’est répandue
en Europe : France, Allemagne, Espagne, Italie, Royaume
Uni, Russies…, et le Liban qui fut le huitième
pays à posséder la science et la technique
d’imprimer en série son Evangile et ses livres
de prières…
L’imprimerie des Maronites à Koshaya et celle
des grecs Catholiques de Khanchara. Presque 5 siècles:
1455 date ou l’on imprima la bible dite à ‘quarante-deux
lignes’; six siècles de progrès, de
développement, de savoir, de culture…etc.
Et l'on assiste en ce début du troisième
millénaire au déclin du ‘livre’ avec
l’électronique, les écrans lumineux,
la T.V. numérique, le digital, l’internet…
Il est vrai, on trouve sur le web, les plus grandes
et prestigieuses bibliothèques de la planète
avec les millions de livres, documents, archives etc…
Débuts des années 60 où je préparais
mes thèses à l’Université de
Madrid, ensuite à Paris, j’étais comme
le rat dans un moule de gruyère, libraires,
bouquinistes, antiquaires; le livre était ma
passion, je me privais d’un tas de choses pour acquérir
mes bouquins chéris… Pour les voir aujourd'hui
entasses sur des rayons et devenus inutiles.
Le monde a changé, notre conception, la recherche
aussi.
Oui, je reconnais, c’est sentimental, c’est nostalgique,
c’est agréable… c’est d’une autre période…
Je comprends l’enthousiasme de M. Antoine Abi Heila,
ce collectionneur et restaurateur, ce penseur aussi,
qui peut exposer sa fabuleuse collection du 16ème
au 20ème siècle, sa ‘Bibliopolis’, à
Tabaris, à un kilomètre de la Faculté
de Droit romain à Beyrouth, et la curiosité
du décor.
Bibliopolis est sa passion à l’âge de
18 ans, il découvrait des éditions en
différentes langues s’arrêtant sur les
couvertures, la reliure, l’illustration et se constituant
une caverne de trésors d’Aladin comme il le
dit lui-même.
Le livre est un objet sacré, un être
vivant avec qui il communique, il dialogue; il le
caresse avec amour; je le comprends. O nostalgie !
En plus, Antoine et son épouse Rita sont des
connaisseurs dans le domaine de la restauration, des
collectionneurs très sérieux et de restaurateurs
très capables.
Ils ont chez eux des livres et manuscrits qui sont
de vraies pièces de musées.
Notre patrimoine dans ce domaine du livre au Liban
est très riche: rien qu’à mentionner
notre bibliothèque nationale et celles des
Jésuites, de l'AUB, des couvents et universités
nombreux au Liban, les collections privées,
dont certaines ont été vendues à
Londres et à Paris à des prix fabuleux...
Bibliopolis est un projet qui exige beaucoup de sacrifice
et de courage, il mérite d'être visité
et applaudi.
Joseph Matar
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