Linda Matar - La pionniere du combat pour les Femmes

La YWCA de Beyrouth honore Linda Matar
La pionniere du combat pour les Femmes
Prestige - Avril 2015

Comme il est de coutume chaque année, la Young Women's Christian Association-Beirut, YWCA-Beyrouth célèbre la journée internationale de la Femme en honorant une dame libanaise qui s'est distinguée dans un domaine spécifique. Cette année le choix s'est portée sur Linda Matar, pionnière du combat pour les droits de la Femme et membre fondatrice de la première association féministe au Liban, la Ligue des Droits de la Femme Libanaise. Sous le patronage du ministre des Affaires Sociales, Rachid Derbas, l'événement a eu lieu au siège de l'Association à Ain el Mraisseh. Le salut est venu d'une personne nommée Linda Matar qui se mobilise et milite pour l'égalité et les droits de la Femme. Une bataille noble mais pas gagnée d'avance: "63 ans dans la rue!", affirme-t-elle à 90 ans déjà, toujours aussi énergique, infatigable et déterminée!

Linda Matar, racontez-nous ce qui a influencé votre combat…
Issue d'une famille modeste de trois enfants. J'ai dû quitter l'école pour travailler et aider mes parents. Intrépide j'ai d'abord été secrétaire à 14 ans dans une usine de chaussettes avant d'être ouvrière dans une usine de tissage de la soie. C'est là que j'ai vu l'injustice et les abus avec lesquels on traitait les travailleuses. J'ai poursuivi mes études la nuit. J'ai enseigné par la suite chez les sœurs de Nazareth et c'est là que j'ai rencontré l'inégalité des classes sociales. A 16 ans je me suis mariée par amour et j'ai eu trois enfants. Tous m'ont encouragée durant mon existence. Actuellement j'ai 18 petits et arrière-petits enfants.

Comment à commencé votre combat?
Au début des années 50, j'ai fait partie de l'Association des Droits de la Femme Libanaise, pour me joindre aux ouvrières, afin de connaître leurs véritables conditions et les inviter à revendiquer leurs droits. En 1978. j'ai été élue présidente de cette même association puis j'ai fondé d'autres tels LECORVAW, le Conseil Libanais des Femmes, le Comite des Mères au Liban. Actuellement je suis membre de l'International Démocratique Women's Union et du Conseil Economique Libanais.

Pour quelles causes militez-vous principalement?
En premier pour les droits de la Femme, l'égalité des sexes, les droits de l'Homme, la démocratie et la laïcité.

Quid de la femme libanaise au Parlement?
La femme libanaise est intelligente et éduquée, et elle doit participer à la vie politique de son pays. En 1996 je me suis moi-même présentée aux élections législatives tout en sachant que je ne réussirai pas. Pourtant j'ai reçu le soutien du Conseil des Femmes dont j'étais la présidente et d'un grand nombre de femmes et de personnes engagées, et j'ai remporté 10.000 voix, ce qui n'est pas mal du tout. Tout en donnant l'exemple, j'ai voulu encourager les femmes.

Que Conseillez-vous à la femme libanaise?
Ne jamais baisser les bras. La femme doit être citoyenne à part entière dans tous les secteurs. Il lui incombe aussi de donner une bonne éducation à ses enfants. Dans le temps, on envoyait surtout les garçons à l'école. Les filles restaient à la maison pour aider leurs mères, et apprenaient à bien gérer un foyer, ce qui est important aussi. Actuellement la responsabilité est double. La bataille pour l'égalité est très noble. Si nous voulons gagner cette guerre, il va falloir affûter nos arguments et surtout faire évoluer les mentalités car le clivage générationnel demeure toujours. Ce n'est pas facile, faute de formation adéquate. Mais si toutes les citoyennes se mobilisent, l'issue sera heureuse. Il faudrait aussi qu'il y ait une entente entre les différentes organisations de femmes.

Vous avez participé à des congrès nationaux et internationaux et écrit "Etapes du Parcours de ma vie". Pourquoi ne pas avoir rédigé votre biographie?
Dans ce livre, j'ai voulu signaler surtout les étapes de ma vie qui m'ont le plus marquée et celles que j'ai marquées réciproquement. J'ai dédié cet ouvrage à mes enfants.

Militante infatigable, quel est le secret de votre énergie?
Seule, je n'aurais rien pu faire. Heureusement je suis dotée d'une sante physique et mentale pour continuer le chemin. Les rêves n'ont pas d'âge. L'important est de croire à sa cause, et c'est toujours le premier pas qui compte.

Propos recueillis par EFFAT KANAAN ABOU ASSDY