La Providence et le Liban

La Providence et le Liban par Michel Rouvière

Qui s’attarde à la lecture des nouvelles politiques libanaises n’entend qu’un concert de lamentations. Tout en devient désespérant. En plus nous devrions nous attendre à ce que demain soit pire, comme aujourd’hui est moins mauvais qu’hier. Toutes nos prières, auraient-elles étés inutiles ?

Pourtant souvenez-vous il y a à peine quelques années nous faisions des vœux qui nous paraissaient chimériques ; la libération de Docteur Samir Geagea et le départ de l’occupation syrienne. D’autres attendaient le général Michel Aoun comme le messie revenant de Paris pour libérer le Liban. Là, personnellement, je n’osais dire à ces concitoyens là, qu’ils divaguaient complètement.

Un peu loin, d’autres libanais rêvaient de libérer le sud Liban de l’armée Israélienne. Ce parti semi clandestin, là, ne demandait aucun ministre, même pas de député, mais ne revendiquait hautement que le sang des martyrs pour sa cause, au travers des sanglants attentats suicides. Déjà, nous retrouvions une certaine vision exclusive. Nous pouvions nous demander pourquoi cette terrible exclusive. N’était-il pas possible, pour atteindre le même but, de voir les choses autrement ?

D’autres libanais quoique prosyriens, sans oser l’avouer publiquement, sentaient cette tutelle trop pesante, à vrai dire humiliante. Mais pris dans les rets de la dialectique du panarabisme et de la cause palestinienne, leur bouche devait contredire les sentiments de leur cœur.

Enfin quelques-uns mettaient leurs espérances dans uns Président de la république qui saurait avoir le courage de rénover l’Etat du Liban en commençant par le sommet. Jusqu’à quand faudra-t-il quémander une décision dans les antichambres et les couloirs du pouvoir damascène ?

Aujourd’hui.

Le Président ne se sent plus soumis à de quelconques pressions insupportables venant de l’extérieur. Ne peut-on pas dire qu’il est entièrement libre ? Il est même l’un des moins contesté de tous les chefs de l’Etat de la région. Même à l’intérieur, il fait quasiment l’unanimité.

Les prosyriens ne sont plus empêchés ; ils peuvent même définir la Syrie de leurs ardentes convictions. Depuis le Liban, on peut en parler. On peut même militer ! Si la Providence favorisait leur camp verraient-ils le Syrie attendue, espérée ?

Le fameux sud Liban est libéré depuis le 25 mai 2005 ; le Parti de Dieu a son canton confessionnel. Les avantages de la clandestinité demeurent mais s’y ajoute les honneurs publics ; députés, ministres discutent sous les ors de la haute administration.

Le Général est là ! En chair et en os, en paroles et en actes depuis une décennie, il agit. Il n’a manqué que le cheval blanc ! Il a « son » groupe de députés ; le plus nombreux des chrétiens. « Ses » ministres sont dociles à sa politique audacieuse. Même le nouveau Patriarche de sa communauté l’apprécie.

Quant à moi, je n’arrive pas encore à croire que le Hakim soit sorti… vivant du troisième sous-sol du ministère de la Défense à Yarzé. Après onze ans, trois mois et vingt jours incarcération extrêmement sévère, sans rancune, il soutient l’administration étatique libanaise. Enfin vous rendez-vous compte qu’il n’y a plus un seul campement de l’armée syrienne sous les pins libanais ? De plus, ce départ s’est fait sans même qu’une vitre fut cassée ? Vous rendez-vous compte de cela à sa juste valeur ? C’est une sorte miracle ! Regardez autour de vous comment agit une armée allant et venant pour des raisons de politique intérieure !

Normalement le Liban devrait être en guerre ; tous les ingrédients sont là. Les allumettes ne manquent pas. Mais le ciel est tranquille, tandis que les cigales chantent sous l’orbe du soleil.

Chers amis Libanais, vous vous plaignez sans raisons. Vos vœux les plus chers, dans leurs diversités, furent exaucés au-delà de toutes espérances raisonnables. Alors sommes-nous dans le pays parfait ? Sûrement pas ! Dans l’immeuble que vous habitez deux ou trois anomalies heurtent votre attente du raisonnable. Certes nous nous devons d’aller vers encore le mieux mais ce jour qui vient, actuellement, reste béni par la Providence. Ne sommes-nous pas des enfants trop gâtés ? Nous oublions les bienfaits obtenus et faisons des colères pour avoir encore plus.