Tapis, Parure du Sol - Liban

Tapis, Parure du Sol

''Et si tout n'était qu'illusion et que rien n'existait? Dans ce cas, j'aurais vraiment payé mon tapis beaucoup trop cher'', disait le facétieux Woody Allen en s'interrogeant sur le sens de la vie et le coût des tapis.

L'Agenda Culturel ( Numéro 438 du 6 au 19 Mars 2013) n'a pas la prétention ici de démontrer l'existence de Dieu mais de vous convaincre que vous pourrez y songer plus confortablement les pieds nus sur un doux tapis. Beyrouth regorge de marchands spécialistes de cet accessoire de maison qui s'est élevé au rang d'art. De tous temps le tapis a été un signe de richesse, de cadeau, en Orient plus qu'ailleurs. Le nombre de tapis posés les uns sur les autres dans une demeure sera pour le visiteur le signe de la richesse de son hôte oriental. Les princes et les marchands ont commercé ensemble sur la route de la soie qui croise celle des tapis, des épices, des perles et de l'or par les ports d'Alexandrie, de Beyrouth et de Tripoli. Génois et Vénitiens y ont établi des comptoirs où les marchands achètent pour revendre à Venise, puis à Florence et à Gènes. En Europe, les tapis ont toujours été considérés comme des objets précieux, d'abord suspendus aux murs avant de descendre sur les parquets, la coutume n'étant pas de se déchausser en entrant dans les demeures.

Aujourd'hui, nous vous proposons de venir découvrir ces maisons prestigieuses aux allures de Caverne d'Ali Baba et de rêver avec nous à ces trésors de l'Orient.

Le maitre Iwan Maktabi

Iwan Maktabi, porte un nom qui a changé la façon dont les gens apprécient les tapis et moquettes au Liban. La prestigieuse maison a pris le meilleur de son passé et en profite pour se réinventer, en s'appuyant sur des années d'expérience et un patrimoine transmis par les précédentes générations de passionnés du tapis.

Iwan Maktabi est la troisième génération de la célèbre famille Maktabi, qui a dédié sa vie à l'art du tapis. L'entreprise est leader sur le marché libanais et propose ses tapis, textiles et objets d'art islamique dans ses quatre points de vente à Achrafieh, Verdun au Phoenicia et à la tour Phenix. En 1926, le patriarche de la famille, Hajji Hussein Maktabi, émigre à Beyrouth depuis Ispahan. Comme son père avant lui, il avait la passion des tapis orientaux précieux qu'il collectionnait. En arrivant au Liban, il apportait avec lui une expertise et un savoir qui allaient profiter au pays tout entier. Hajji et ses fils se sont peu à peu imposés comme la référence en matière de tapis antiques et décoratifs au Moyen-Orient, étendant leur marche en Arabie Saoudite, dans tout le Golfe et jusqu'en Europe.

Avec le soutien de leur père Hajji Abbas, Mohamed, Chirine et Mona Maktabi lancent la marque que l'on connaît en 1995. Le premier magasin, ouvert à Verdun, est un succès rapide et attire tous les connaisseurs et amateurs de tapis. Un nouvel espace ouvre bientôt ses portes à Achrafieh, le plus grand de la ville, et devient la coqueluche du tout Beyrouth. Iwan Maktabi devient une marque reconnue, s'expose dans les foires locales et internationales, au Moyen-Orient et en Europe. Le secret de ce succès, c'est une qualité incomparable, des tapis d'Asie centrale, d'Iran et du Caucase, classiques et modernes, mais toujours tissés dans des textiles rares et précieux. Des pièces choisies d'art islamique viennent parfaire la collection que la maison propose à ses clients.

Iwan Maktabi propose en outre un large panel de services tels que: la possibilité d'apporter votre tapis chez vous et de l'essayer avant de l'acheter et ainsi trouver la pièce qui s'accordera le mieux avec votre intérieur; un service de conseil personnalisé délivré par des professionnels qualifiés; un service de nettoyage ad hoc prodigué par des experts en restauration et la possibilité de customiser vos pièces et de créer des tapis aux couleurs, motifs et tailles qui vous conviennent et correspondent à vos envies. En résumé, Iwan Maktabi est une valeur sûre pour des tapis d'une qualité incomparable, des pièces de toute une vie qui feront partie intégrante de votre maison et de votre vie.

Cyrus Maktabi, le royaume du tapis

Issu d'une lignée surnommée les ''rois du tapis'' au Liban, Hassan Maktabi a mis son savoir-faire familial au service d'une boutique où l'on se sent comme chez soi et ou l'on pourra trouver son bonheur parmi le choix de tapis modernes ou antiques, mais toujours uniques.

Hassan Maktabi a voulu donner à son magasin de tapis persans et orientaux un nom à la hauteur de la réputation de la famille. Quoi de mieux qu'un nom de roi perse pour celui dont la famille est surnommée ''les rois du tapis''. Qu'à cela ne tienne, le magasin, ouvert il y a quatre ans, a donc été baptisé Cyrus, en hommage au roi Cyrus le Grand, fondateur de l'empire persan. A grand nom, grandes ambitions: Cyrus Maktabi se fait un devoir d'incarner royalement l'art du tapis. Chaque pièce est marquée d'un cachet attestant de sa provenance, des matériaux qui le composent, son nom et d'autres précisions importantes, comme le fait qu'il est absolument interdit d'importer des tapis fabriqués par des enfants.

Hassan Maktabi est issu d'une lignée de quatre générations d'amoureux et de professionnels du tapis; il considère cet art comme une passion, un héritage culturel et une tradition ancestrale davantage que comme un commerce. En créant son magasin, il a voulu ''mettre en place un commerce de proximité luxueux''. ''Je voulais exactement l'inverse d'un supermarché: un lieu ou les gens se sentent comme chez eux, ou ils viennent chercher une pièce unique et de qualité''. Authenticité, qualité et excellent rapport qualité prix sont le trio gagnant de Cyrus Maktabi. ''Nous sommes spécialisés dans le tapis oriental classique persan ou turc, mais nous avons su nous adapter à la demande et aux besoins. De plus en plus de jeunes mariés recherchent des pièces plus modernes dans le style art déco, sans que la qualité et le prestige du tapis en soient diminués'', explique Hassan.

Toujours venus d'Iran, d'Inde, de Russie, du Pakistan, du Népal et de Turquie, les tapis se font plus colorés, s'ornent de patchworks, de formes géométriques inspirées du Kilim ou de style ''vintage''. La maison est également le site exclusif de vente au Liban de la marque américaine Wool and Silk, désignée aux Etats-Unis. Le créateur de la marque est un artiste qui dessine de véritables tableaux reproduits en tapis. De quoi mettre l'art à vos pieds. Cerise sur le gâteau, de superbes promotions sur toutes les collections sont en cours jusqu'à la fin du mois de mars.

Stepevi par Step

Un voyage à la croisée de l'histoire, de la tradition et de la technologie. Une histoire de luxe et d'excellence.

Fondée à Istanbul en 1998, Step avait pour ambition de créer une marque internationale. Se basant sur la créativité et sur le désir de réaliser des tapis pour en faire un élément-clé de la décoration d'intérieur, la maison Step est devenue leader sur le marché pendant trois générations. Stepevi, nouvelle marque internationale, née du succès de la compagnie mère Step, dispose de plusieurs showrooms, notamment à New York, Paris, Londres, Istanbul, Dubaï et Milan. Riche de sa grande expérience et de son expertise dans le monde du tapis, Stepevi occupe une place prépondérante sur le marché et redéfinit aujourd'hui la mode en matière de tapis.

Grâce à des collections renouvelées tous les trois à six mois, les clients n'ont pas l'occasion ou le temps de se lasser. Ils trouveront en magasin un large choix de matières, motifs et couleurs, des nouveautés surprenantes, des prix variés, mais surtout des conseils professionnels personnalisés et un service après-vente exceptionnel.

Ils ont aussi la possibilité de créer leur propre tapis grâce au studio de création dont sont dotés les magasins Step, qui met à leur disposition des échantillons d'une infinité de couleurs et textures, des designs allant des plus simples au plus sophistiqués avec un délai de livraison unique variant de 5 à 6 semaines. Les tapis Step couvrent aujourd'hui non seulement le sol de résidences des plus élégantes, mais aussi celui de grands hôtels de grande renommée (Le Seven à Paris, Grand Hotel Kempinski…) et de boutiques prestigieuses telles que Dior, Céline à Londres et à Paris, Harvey Nichols…

Les collections Stepevi/Step allient raffinement à des matériaux sophistiqués, designs et couleurs intemporels à des textures uniques, et savoir-faire traditionnel à une technologie de pointe, cette dernière étant la clé de succès essentiel de Step.

Authenticité, qualité, fidélité: la sainte trinité d'Ahmad Jawad

Ahmad Jawad & Sons est une société fondée par Ahmad Jawad en 1927. Depuis sa fondation, des principes stricts sont à la base des relations avec les clients. Les propriétaires achètent sur la base de la qualité et en fonction du prix. Il s'agit d'une démarche extrêmement professionnelle qui consiste à garantir au client un conseil personnalisé et des prix basés exclusivement sur la qualité des pièces et non sur le marketing.

''Nous croyons que nos clients sont notre plus grand capital et notre meilleure publicité'', explique Maher Jawad. Le magasin a en stock des tapis importés des destinations les plus prestigieuses du monde du filage avec un grand choix de produits: tapis traditionnels, tapis décoratifs et modernes et toutes sortes de kilims.

Ahmad Jawad est une entreprise familiale, fondée au moment ou Ahmad Jawad venait juste de s'installer dans la rue Allenby, au cœur du centre commercial de Beyrouth. L'entreprise s'est rapidement fait un nom grâce a sa réputation d'intégrité - en rendant caduque l'expression ''marchand de tapis''- et de pièces de qualité. Des relations internationales se sont développées avec le temps et ont prospéré, notamment avec les pays voisins. Apres la Seconde Guerre mondiale, les quatre fils Jawad ont rejoint l'entreprise et développé son commerce, en important de nouvelles pièces, en faisant des affaires en Europe et aux Amériques et en consolidant les relations avec les pays nouvellement riches du Moyen-Orient.

En 1975, l'éclatement de la guerre civile met fin à ces promesses d'avenir. L'entreprise familiale déménagé dans le quartier de Verdun, loin des champs de bataille et se recentre sur le marché local. Fin de la guerre, le commerce récupère ses locaux de la rue Allenby et achète un entrepôt dans le quartier du port. C'est l'heure de la ''troisième génération'' avec l'entreprise qui passe aux mains de Maher et Faysal Jawad. Les clients commencent à affluer, séduits par ''la fiabilité, les conseils avisés et des services en adéquation avec la demande''. Les collections s'élargissent, s'étendent des tapis 'classiques' venus d'Iran et du Caucase jusqu'aux pièces décoratives d'Afghanistan en passant par les tapis modernes du Tibet.

Très attachée à son expertise dans le tapis persan bâtie depuis 1927, la maison Ahmad Jawad & Sons ne cesse ''d'enrichir et développer ses choix de tapis et kilims pour satisfaire tous les goûts passés, presents et même futurs, tout en restant fidèle à ses valeurs!''. A noter, des services de réparation et de nettoyage de vos tapis sont disponibles.

Tribal Rugs: compter les nœuds

Lorsqu'il a ouvert sa boutique Tribal Rugs de la rue Clemenceau il y a deux ans, Camille Khairallah était loin d'être un novice. Et s'il possède en magasin quantité de pièces magnifiques, c'est aussi en l'écoutant parler que l'on mesure la valeur des objets exposés.

Le hasard fait bien les choses

En 1975, alors qu'il est encore un tout jeune homme, la guerre sépare Camille Khairallah de ses camarades de jeu, et c'est ainsi qu'il se retrouve à feuilleter un beau livre ayant les tapis pour sujet. D'autres suivront, ''d'une façon un peu désordonnée'', confie-t-il, amusé. Le tapis n'est pas une affaire de famille, et c'est sur le tas que le futur spécialiste se forme. Deux ans plus tard, grâce a un prêt paternel, il achète son premier tapis. Quand il le revend un peu plus tard, il s'achète d'autres livres, il élargit des connaissances, et ainsi débutent les affaires et la passion d'une vie. Car loin d'être appâté par le gain, Camille Khairallah se laisse avant tout séduire par la technique et l'histoire. Comment un tapis se fabrique-t-il, qui sont les tisserands et d’où viennent-ils? Qu'ils soient turcs, persans, ou caucasiens, c'est la méthode de concevoir qui permet de classer les tapis. Les tapis de cour, objets de prestige, cadeaux que s'échangeaient les grands d'un autre temps, sont les plus rares. Les tapis d'atelier, plus courants, sont le fruit d'un travail collectif, de l'ustaz qui conçoit ses motifs, jusqu'à celui qui rase, en passant par les tisserandes; produits en de multiples exemplaires, ils sont essentiellement destinés au commerce. Les tapis ruraux pour leur part sont le résultat de l'improvisation, eux aussi destinés au commerce, ils peuvent cependant faire l'objet de commandes personnelles.

Tapis nomades

Mais c'est sur le tapis tribal que Camille Khairallah cristallise toute sa passion et son énergies. Aboutissement du travail d'une seule personne, le tapis tribal se distingue par la de tous les autres. Toujours en pièce unique, il concentre toute l'attention de son créateur et n'est que rarement destiné au marché. Les motifs traditionnels propres à chaque tribu, transmis avec beaucoup de liberté, laissent le créateur libre de les interpréter. Parfois porteurs de signes superstitieux, ces tapis sont tout entiers dévoués à la couleur et aux motifs. Si la finesse de l'exécution est secondaire, elle varie tout de même en fonction de l'usage. Plus de raffinement pour les intérieurs, un peu moins pour les ornements extérieurs. Velours, kilims, Sumac, Jajim ou brodés, les plus anciens modèles qu'il est encore possible de trouver datent du début du XIXe siècle. Mais l'amateur a toujours affaire à une antiquité, les plus récents étant à chercher du côté des années 30 et 40.

Si sa rareté et son ancienneté déterminent sa valeur commerciale, choisir un tapis tribal suppose toujours d'avoir recours à la plus grande subjectivité, ''je ne dis jamais à un visiteur que celui-ci ou celui-la est beau, ou pas cher'', explique l'expert, ''et je dis toujours que je ne vends pas des tapis, mais que j'essaie de les faire acheter''.