Le nouveau président va-t-il reprendre le chemin de Damas

On va voir si la politique est une science. Le nouveau président va-t-il reprendre le chemin de Damas comme ses prédécesseurs ? On croît toujours que "moi" je saurais négocier avec cette famille Assad qui a tant de qualités. La guerre n'est jamais une solution; voir l'exemple de la Libye ou de l'Afghanistan....... par Michel Rouvière

Le Président Nicolas SARKOZY avec le Président ASSAD

« Comme d’habitude …. »

En cette rentrée d’automne notre Président de la République tente de faire bouger les lignes. Il y a comme une atmosphère d’un nouveau souffle. Pour nous Français du Liban, amoureux de ce pays, nous voyons du changement dans les nouvelles rencontres. L’ennemi sanglant d’hier est-il devenu l’ami d’aujourd’hui ? Le sang sèche vite en France. Nous pourrions faire une variation sur ce sujet entre les qualités de la vendetta et celle de l’indulgence. Cependant avant de me lancer dans la rédaction de cette brève informative, je me demandais comment j’allais aborder la rédaction de cette nouvelle saison. En voiture, un ami, entre deux embouteillages, m’a offert l’étincelle ; « Il n’y a rien de nouveau ; tous les Présidents de la République depuis une quarantaine d’années chantent la même chanson au début de leur mandat. »

C’est vrai ! Bien sûr ! Il y a comme un air de déjà vu.

Vous souvenez-vous du temps de votre jeunesse, Valéry Giscard d’Estaing venait de commencer son septennat dans un joli mois de Mai 1974 ; foin d’habit, le veston suffisait sur la photo officielle. Même en tant que chef des Armées, il avait de l’audace ; au grand effroi de certains, 600 légionnaires mal armés, sautèrent sur Kolwezie et rétablirent la stabilité sur l’Afrique centrale pour trente ans, pour le plus grand bonheur du Président à vie du Zaïre Désiré Moboutou. Le Président Giscard d’Estaing, en tant que diplomate, en pleine affaire chypriote fit des étincelles ; il rétablit la démocratie en Grèce avec Caramalis et empêche l’armée turque de prendre un morceau de Macédoine. Le Liban tombait dans l’anarchie. La France allait-elle réagir ?

Malheureusement Giscard n’alla jamais chasser dans la Békaa avec Camille Chamoun, afin de bien connaître le pays des cèdres. Puis voulant être un Président de « gauche », vraiment le combat des « riches chrétiens conservateurs de droite » contre les « pauvres musulmans progressistes » n’avait rien d’attirant. Le nouveau Président de la République Syrienne, depuis 1970, pour la première fois sort de son pays, au risque d’un coup d’Etat, et va en Occident au mois de Mai 1976. Où va-t-il ? Il va à Paris sans grande cérémonie ; « Je n’ai rien contre le Liban et les Maronites en particuliers, mais je ne peux pas laisser l’anarchie s’installer aux portes de mon pays. Ne vous inquiétez pas. Je m’occupe de tout. Je suis homme sérieux et de parole ». « Quel brave homme ! » a du penser Giscard, il m’enlève un grand souci ! Le Liban c’est si compliqué ! Et les Maronites ? Quelles confusions ! » Ainsi nous eûmes droit au déblocage du siège de Kobayate par 200 soldats syriens ; certains reconnurent des têtes qui organisaient le blocus quelques jours auparavant.

Le 1er Juin 1976, 2 000 de leurs collègues vinrent les soutenir dans le Akkar, 6 000 entrèrent dans la Bekaa, pour appuyer le tout il y eut 200 tanks. Etait-il possible pour les Phalangistes qu’après une lutte défensive envers les «Islamo-progessistes », ils enroulent sur une lutte « Syro-libanaise » ?

Evidemment non.

Un proverbe russe dit que quand on rencontre un ours sur un pont, on l’appelle ; « Mon Oncle ». Un mois après il eut le fameux discours de Juillet 1976 du Président Hafez El-Assad ; « Il aime tous les Libanais. Il œuvre pour retrouver la paix, la stabilité, la prospérité au pays frère. Il se tient à égale distance de tous les partis ». Deux ans après il y avait encore plus de confusion. Le Président Giscard d’Estaing était déçu du Président Hafez El-Assad, mais il était encore plus en colère contre les milices chrétiennes, trop à droite. N’était-ce pas l’époque où tous les six mois un pays tombait à gauche ? Il fallait se résigner au sens de l’histoire. Suivant Louis de Guerringaud, son ministre des Affaires Etrangères, elles avaient agressés les soldats syriens. Le Président Syrien n’avait pas encore fait tuer l’Ambassadeur Louis Delamare. Ce sera le 4 septembre 1981.

Président François Mitterrand commença mal avec le Président Hafez El-Assad. Surtout qu’il avait un faible pour les Palestiniens, et Yasser Arafat en particulier. Il avait deux septennats pour franchir tout le périple. Il ne voulait absolument pas « faire la guerre à la Syrie », comme il le dit publiquement à Christine Ockrent. Après un temps de deuil sous forme de bouderie, il reprit le chemin de Damas. Cela n’empêcha pas une seconde glaciation avec pour cause Michel Aoun.

Avec le Président Jacques Chirac, on aborde le Liban au travers sa grande amitié envers Rafik Hariri. Vous souvenez-vous quand il fut le seul dirigeant occidental à aller aux funérailles d’Hafez El-Assad ? Et la réception en fanfare du fils, successeur, avec sa jeune épouse à Paris ? En contre partie, faut-il rappeler comment à partir de l’assassinat de Rafik Hariri les relations se refroidirent ? Il suffit de relire ma rêverie pour la dernière semaine de Présidence du quinquenat.

Le Président Nicolas Sarkozy reprend langue ….. Il est encore plus décontracté et arrive à mettre dans son gouvernement autant de ministres socialistes que Mitterrand.

Pour le moment, ne nous plaignons pas ; cela fait plus de six mois qu’il n’y a pas eu d’assassinat politique ciblé. Le dernier en date étant celui du général François Hajj, du service opération de l’armée libanaise. Ce message très clair s’adressait au futur président, au moment du meurtre, et actuel président de la république maintenant Michel Sleiman.

Pour le moment tout va bien. Le Président de la République Syrienne Bachar El-Assad, brillamment réélu pour sept ans, il y a un an et prêt à aider le Liban dans les problèmes qu’il a au Akkar. J’attends les 300 premiers soldats…. Une particularité que notre presse nationale ne note pas ; chaque fois que le Président de la Syrie revient d’une rencontre française au retour, il coffre un certain nombre d’opposants afin de montrer qu’il ne faut croire trop aux balivernes que parfois on se laisse dire devant un micro. Un peu comme ce fameux échange d’Ambassadeur. Les marques d’ouvertures économiques ou sur la liberté d’expression font parties de la poudre aux yeux.