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Monastère de Mar Moussa l'Ethiopien, Liban Metn |
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Reportage: Au monastère de Mar Moussa l'Ethiopien - Quiétude et sérénité de l'âme
Magazine (L'hebdo n' 2705 - 11 Sept. 2009) a passé quelques heures en compagnie des moines de l'Ordre Libanais maronite, dans de leurs monastères, niché au cœur d'une merveilleuse pinède de plus d'un million de mètres carrés, dans le village qui porte le nom du couvent: Mar Moussa. Sept moines vivent dans ce havre de paix, cultivant la terre, priant et méditant, œuvrant vers le but ultime, devenir ermite, atteindre la véritable paix intérieure.
Adyar, Le vin des Monastères
Peu avant l'heure du déjeuner, le moine en charge de la vigne ouvre les caves du monastère à Magazine. L'on est aussitôt pris par les effluves de fermentation du vin maison : Adyar. Père Maroun s'en excuse presque, l'odeur de fermentation dure environ six semaines. Sinon après, c'est le parfum boisé du vin que se fait sentir. Qu'à cela ne tienne! Un bon rouge est débouché sur le vif, et nous voilà servis. Un arôme à la fois délicat et fort, qui laisse un agréable piquant au fond du palais. Il parait que ce nouveau vignoble entièrement bio (il date de quelques années seulement) a attirée des acheteurs particuliers canadiens, alertés par un visiteur d'un jour du monastère de Mar Moussa. Le mois prochain, ces acheteurs feront le déplacement jusqu'à notre montagne pour ramener chez eux un peu de soleil et de ce vin qui sent la pinède du Metn.
Père Maroun se réveille généralement vers 4 heures du matin, pour méditer. Dans sa chambre ou sur la terrasse surplombant la pinède, il prend du temps pour se rapprocher du Seigneur, pour prier seul dans le silence de la nuit, perturbé peut-être seulement par les bruits de la nature: un souffle de vent, un oiseau qui viendrait se poser sur une branche... Plus tard, après la messe solennelle du matin, à 6h30, et un petit-déjeuner basique, c'est l'heure de se mettre au travail. Au monastère de Mar Mousa, le travail est surtout agricole: la culture de la terre qui entoure les lieux est leur seul moyen de subsister. Aidés d'une dizaine d'ouvriers "civiles", les moines travaillent la terre du matin au soir.
Tout est cultivé de manière organique
Ce sont surtout les pins qui constituent la ressource principale du monastère, mais un potager y est aussi cultivé, et il n'est pas rare que des mères de famille des villages environnants viennent s'approvisionner en fruits et légumes. Dans ce couvent vieux de plusieurs centaines d'années, baigné de soleil et de vent frais, dominant la montagne a plus de 1000 mètres d'attitude, les figues, les pêches et même les tomates on un goût particulier, le goût inimitable du vrai, de l'authentique. D'ailleurs, tout y est cultive de manière organique, et ce n'est point la question de mode! On y croit surtout à la main de Dieu, qui donne au fruit du travail des hommes toute sa saveur sans l'aide de produits chimiques.
On se plaît à imaginer, dans la quiétude du salon principal du couvent, les moines du XVIIe siècle déjà en train de cultiver cette même terre, alors éloignée des hommes. Ce n'et qu'en 1965 que le monastère de Mar Moussa l'Ethiopien suivit l'Ordre libanais maronite, qi compte des dizaines de couvents à travers le pays. L'Ordre est le propriétaire de 80 % du village de Mar Moussa, ainsi que des centaines d'hectares un peu plus haut dans la montagne, à Zaarour, mais aussi à Baabdate et à Douwar, du côté de Dhour Choueir. Ce sont aujourd'hui plus de 600 familles des environs qui dépendent directement du monastère, tenu par sept moines seulement. La vie s'écoule, paisible, entre des hectares de vignes, de pins et quelques oliviers. Père Maroun nous fait faire "le tour du propriétaire" et, en quelques heures, le monastère n'a plus de secrets pour nous.
11h45, c'est l'heure de la prière de midi. Dans l'église en pierre dépouillée, les sept moines en plus de quelques hommes des environs, prient d'une même voix le Seigneur. Le temps semble s'être arrêté, et la communion avec l'au-delà n'est pas fictive. Juste après, ce petit comité se dirige vers la cuisine, d'où sortent les effluves appétissants du repas du jour: haricots blancs et riz, fallafels fait maison. De la cuisine, on sort au cloître, petit espace à toit ouvert, mais fermé des quatre côtés. Pour voir la lumière du jour, il faut regarder vers le haut, un peu à la façon d'un repenti qui implore le ciel. Et c'est bien là l'idée de cette cour intérieure séparant la cuisine des entrepôts: être soumis au regard du Très-Haut, et point à celui des hommes.
Un confort rudimentaire
Une "mouné" d'oignons, d'ail, de tomates et d'huile, tous bio, attendent dans ces entrepôts de mûrir ou de trouver preneur. Au-dessus, nous passons une porte indiquée "privée", avec la complicité bienveillante du père Maroun, nous avons accès aux "appartements privés" des religieux. Un confort rudimentaire, un petit salon donnant sur la forêt, une petite salle de télévision et des chambres. La terrasse, en revanche, est une merveille de paix: Où que le regard se pose, il ne trouve que pinède et vignes. Il est vrai que, pour méditer, l'endroit est idéal. Et l'envie de se reclure pour un temps, loin de tout, saisit toute personne lambda à la simple vue de ce paysage. Pour un religieux cependant, notamment pour les moines, ce genre d'endroit n'est pas prévu simplement pour le repos du corps, mais bien plutôt pour la paix spirituelle. Aspirer vers la quiétude et la sérénité de l'âme, tel est le véritable moteur de ces sept hommes qui ont choisi de s'exclure de la vie en société pour mieux se rapprocher de Dieu. Père Maroun explique, d'ailleurs, que les moines sont officiellement exempts de tout devoir social: pour le religieux, ce genre d'obligations n'est que perte de temps. Même le sommeil réparateur après une journée de dur labeur est aussi gaspillage de temps. L'idéal serait de parvenir à ne dormir que très peu, prier set fois par jour, travaillé et méditer le reste du temps.
C'est avec une pointe de regret, mais rempli d'une espèce de paix intérieure, certes éphémère, que le visiteur quitte l'endroit. Quelques centaines de mètres plus bas, l'autoroute rapide reliant le Metn à Beyrouth semble un peu trop bétonnée, et la sonnerie du téléphone portable ramène brutalement le reclus d'un jour à la réalité. Ce n'est que partie remise: les portes du monastère sont grandes ouvertes pour tout le monde, à tout instant.
Joumana Nahas
Le miracle de Saint Charbel
Trois chapelles du monastère sont vouées à nos saints Libanais: Rafqa, Nehmetallah et Charbel. Père Maroun évoque l'un des moments les plus forts de l'histoire de Mar Moussa, la guérison miraculeuse d'Iskandar Obeid, un habitant de Baabdate. L'affaire date des années 50. Obeid, dont l'un des yeux est grièvement atteint par un morceau de fer, ne voit quasiment plus. L'infection s'étend d'un œil à l'autre, et la médecine de l'époque s'avoue incapable de le guérir. Une nuit, dans son sommeil, il se voit à la prote de la vieille chapelle du monastère de Mar Moussa l'Ethiopien. Un vieux prêtre lui dit alors d'ouvrir les yeux, et lui annonce qu'il est guéri. Toujours dans son songe, il ouvre les yeux et lit par terre le nom de Saint Charbel. Le lendemain, Iskandar Obeid, n'en revient pas: il a recouvré la vue! Bien sûr, la blessure n'a pas guéri et l'œil est toujours amoché, mais ni lui ni ses médecins n'arrivent à s'expliquer ce qui s'est passé, à tout le moins pas de manière rationnelle. C'est bel et bien un miracle, associé à Mar Moussa, qui a pesé lourd dans le dossier de béatification de Saint Charbel, à Rome, en 1965.
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