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Joined: 09 Mar 2007 Posts: 529 Location: Jbeil Byblos |
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Thalassa Liban |
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Thalassa par Michel Rouvière
C’est toujours un plaisir de découvrir le monde à partir de la mer. Thalassa ; nous pouvons dire que cette série d’émissions télévisées demeure un succès dans le panorama audiovisuel français. Ce bonheur est accentué quand il part de la Méditerranée. Ainsi je garde un excellent souvenir des côtes de l’Adriatique nous menant de Dubrovnik, ancienne Raguse, jusqu’ à Venise. Dans une de vos étapes suivantes, les francophiles et francophones du Liban vous attendaient avec gourmandise. Il y a peu de pays dans le monde ayant une opinion si favorable vis-à-vis de la France, surtout parmi les chrétiens Maronites. Plusieurs collèges privés et publics enseignent le français avec une réelle sympathie, à environ 600 000 élèves qui chaque matin remplissent leur cartable des œuvres théâtrales de Corneille, Racine, La Fontaine et autres classiques, sans oublier Tif-Teuf et autres Gaston Lagaffe ou jeux vidéos.
Nous pouvons dire que l’émission nous a servi !
Peut-être que Madame Isabelle Moeglin et Monsieur Denis Bassompierre trouvent cette éducation trop française dans le sens traditionnel du terme. Cependant aurait-il été si mauvais pour votre émission, si vous aviez montré un coin du Liban si français avec ses Sainte Thérèse de Lisieux, ses Grotte de Lourdes dont une, sous l’escalier à l’italienne du Patriarcat de Bkerké ? Remarquez, pour des navigateurs flibustiers, anarchistes et anticléricaux restent le MLF (Mouvement Laïc de France) et le Lycée Français. Même l’ATCL, (Automobile Touristique Club Libanais) malgré son nom c’est le Yacht Club le plus sélect du Liban, n’a pas eu droit à un passage de caméra.
Permettez moi de croire que cet oublie vient de votre fréquentation des autorités syriennes ; le parti Baas a d’habitude une certaine vision du Liban : « C’est une province détachée de la Syrie par les autorités Françaises du Mandat ». Au moment de franchir à Ladeh la frontière syro-libanaise, qui fait encore débat, vos journalistes répètent exactement leur leçon. Ont-ils déjà leurs cartes du Parti ? Comme membres d’honneur évidemment. Ensuite, après 50 km nous voilà à Tripoli, ville sunnite qui pendant longtemps refusa sa « libanité » mais que vingt ans d’occupation syrienne fraternelle, lui ont révélée la valeur d’être libanaise. Maintenant vous allez donner la parole à une famille des faubourgs de la ville. Vous choisissez, des gitans expulsés de Syrie, comme par hasard. Le tableau est court mais parfait dans une vision négative du Liban ; la crasse, l’ignorance et l’oisiveté d’une famille dont le père ne connaît pas le nombre de ses enfants.
Un très court passage sur Byblos et les civilisations se superposent ; c’est le service minimum sur le sujet. On continue vers Beyrouth d’une seule traite, en sautant précisément le « Marounistan », en retrouvant un autre sujet bateau ; la rencontre entre « l’Occident et l’Orient ». C’est une Arménienne, Aline, qui doit représenter « les chrétiens de Beyrouth », je ne crois pas que c’était ce choix là qu’il fallait faire ; la communauté arménienne est très particulière au Liban. La langue arabe constitue un des rare point commun de tout le Liban. L’arménienne reste une langue étrangère pour la plupart des libanais. Ensuite nous faisons connaissance avec trois demoiselles entreprenantes et originales ; Leila lance ses Taxis pour Dames, Mirane écrit des livres pour enfants, « la loufoque Leila DJ » organise la musique dans une boîte de Jour « Océana ». Personnellement je dirais « Océanana ».
Après les sujets incontournables voici les sujets limites ; chacun choisira. Pourtant tout visiteur reconnaît une autre des valeurs communes du Liban dans la solidarité et l’esprit de famille, poussés jusqu’à la vanité et au népotisme. Aucune de ses dames ne vous a fait l’honneur de la réception en vous invitant au café dans son salon. Elle serait entourée bien sur de toute de sa famille ; mari et enfants de préférence ou papa et maman. Vous n’avez pas vu cela ? Pourtant c’est là que s’exprime le summum de la sociabilité libanaise. Vous découvrirez cet aspect charmant plus loin.
Continuons vers le sud. Thérèse, mon épouse m’avertit ; « Nous allons avoir droit au tas de poubelle de Saïda ! ». Il est vrai vous ne pouviez pas l’éviter ; 20 m de haut. Cependant je dois reconnaître que votre équipe eut un talent fabuleux pour le mettre en relief ; on en a fait le tour depuis le fond de la mer jusque sur les franges du rivage avec son pêcheur idoine. Depuis que ce problème de montagne d’ordures existe je ne l’avais jamais si bien vu sous toutes ses coutures. L’apothéose, en quelque sorte est atteinte avec le « sobhieh », café du matin entre femmes, prit au sommet des déchets. Une petite voix, charmante, nous informe que vingt familles vivent sur cette colline de rebuts et que l’hospitalité libanaise s’exprime naturellement en prenant le café sur ce sommet. Elle ne précise pas la vue sur la mer imprenable, ni l’aspect olfactif du moment.
Quant on pense combien de cafés sont pris au Liban ! Combien de maîtresses de maison font attention dans cette sorte de cérémonie du café, à la propreté de leurs tasses ! Faut-il vous félicité d’avoir choisi ce lieux là ?
Pour se consoler je me dis que vous avez sauté, par oubli je suppose, le grand collecteur d’Antélias et de Beyrouth.
Ce sera pour la prochaine fois ! Soyez le bienvenue !
« Allaou alah ! »
Une autre tranche de bonheur nous attendait avec le fameux Fadi. Il a 13 minutes, 3 minutes de plus que pour le nord Liban ; c’est vrai, le sujet est plus complexe. Là, Madame Isabelle Moeglin et Monsieur Denis Bassompierre ont eu le renfort de Monsieur Erwin Chamard. Pour raconter l’épopée de la Résistance Chrétienne Libanaise de année 1975-1984 Fadi s’exprime en anglais, bien qu’il y avait beaucoup plus de francophones parmi les milices chrétiennes. Passons ; ne soyons pas chauvin. Il vit tout seul à Tyr, le Jounieh d’Hezbollah, en voulant construire son fameux bateau. Là, on se met à sourire ; quoi vous n’avez pas choisi le milicien reconverti en homme d’affaires marié, divorcé si cela vous fait plaisir, deux enfants ! Même avec un sous entendu mafieux, il faut toujours un peu de malveillance quand on parle des chrétiens, j’aurai préféré voir cela que cette âme en peine reniant « ses engagements » passés. Il ne manquait que le fameux « J’ai été entraîné !» pleurnichard. Je n’ose imaginer la tête du militant Hezbollah accompagnant vos trois journalistes, il a du esquisser au moins un sourire car le libanais est tout, sauf bête.
Permettez moi d’y revoir la patte du Baas syrien ; la suite du feuilleton se poursuit c’est l’île syrienne où un charpentier construit de beaux bateau depuis…. 7 000 ans. Quels talents ! Notre Fadi par contraste en paraît encore plus bête ; une belle image négative de la vraie Résistance Libanaise.
Je ne veux pas terminer sur une note aussi acide en vous félicitant tout de même, pour l’exploration du H.MS. Victoria. Là, le plongeur libanais chrétien libanais s’exprime en bon français et réalise son projet. Je remarque que quand vous restez en hommes grenouilles vos prestations sont meilleures. Il est vrai que l’on ne peut pas dans cette tenue rentrer dans le salon de madame pour prendre le café.
Depuis la colline……de Notre Dame du Liban à Harissa,
Monsieur Pernoud
Bon Vent !
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