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Rue du Liban par Michel Rouvière


Il est dans le quartier de Tabaris une rue, somme toute, assez modeste mais qui porte le beau nom du pays ; rue du Liban. Naturellement pour un tel nom, nous nous attendrions à une large avenue triomphante à l’activité fébrile. Nous pourrions souhaiter un immense rond point tendant vers la perfection. Cependant après un temps de surprise, personnellement, je remarque que cette modeste et tranquille rue représente bien un certain Liban. Surtout dans sa deuxième partie car bien souvent nous oublions qu’elle part pleine d’énergie en se tortillant pour monter rudement depuis la rue Gouraud et arriver à la place Tabaris. Les deux sections n’ont aucune ressemblance ; elles vont dans le même sens certes, plein sud, mais la circulation automobile se fait en sens contraire. Elles ne respirent pas le même air ; dans son départ nous sentons la vie vigoureuse qui veut monter ; moitié en volonté d’efforts, moitié en adaptation du sol, dix pas vers la gauche, dix pas vers la droite. Des portes vous sollicitent constamment. Les fenêtres des immeubles la serrant de près vous regardent de haut.

Aujourd’hui je veux vous parler de l’autre rue du Liban, celle qui parle le mieux à mes souvenirs.

Assurément je la sens plus discrète et paisible, comme un certain Liban s’écartant un peu du tumulte de la vie active. Cependant combien cette société garde de profondeur dans la valeur du temps que la vie nous accorde. Afin d’en pendre toute la mesure il ne faut pas être pressé et ne pas se laisser noyer dans les prospectives de nos projets.

Nous irons dans le sens obligatoire de la circulation automobile de cette partie déjà haute de la rue du Liban, en montant de l’avenue Fouad Chéhab se confondant avec la place Tabaris, véritable tourbillon de circulation, jusqu’à la rue Abdel-Wahab El Englizi. Dès les premiers pas, subitement tout change, nous laissons les rumeurs du quotidien frénétique pour atteindre une atmosphère paisible. La trajectoire n’est pas compliquée puisqu’elle est toute droite dans sa simplicité sereine. Nous sentons le geste tranquille de la main de l’urbaniste suivant le bord de la large règle afin de tracer cette belle horizontale. Sur un visage jeune, intelligent, il porte de fines moustaches effilées avec des lorgnons sur un regard acéré. Cette rue n’est pas trop large puisqu’elle n’accepte que deux voitures de front ; une file immobile contre le trottoir de gauche et l’espace de circulation. D’ailleurs faut-il parler d’automobiles ?

L’atmosphère générale de cette rue n’appelle pas la circulation malgré la rectitude de son tracée. Véritablement elle est faite pour être montée ou descendue au rythme du pas méditatif du passant aux souliers bien cirés. Il est presque seul. Sans trop d’effort, il suit ses projets tout en marchant. Les trottoirs modestes mais continus lui servent de discrète ligne de conduite. En vérité ils ne sont là que pour vous offrir une sauvegarde quand de temps en temps passe un véhicule…hippomobile vous avertissant par le son des sabots sur le pavé. Je ne sais pas pourquoi malgré le vrombissement des véhicules automobiles mon oreille attend toujours un autre bruit que je n’ai jamais entendu. Quoiqu’il en soit il existe une heure depuis la fraîcheur matinale du jour jusqu’à la douceur de la nuit où vous pourrez aller sans être gêné en aucune façon dans vos réflexions.

Ainsi tout d’abord dans la pente la plus forte du départ, reste de ses origines, vous verrez venir sur votre droite en angle droit la rue de l’Université Saint Joseph. Le nom seul vous appelle au sérieux de l’étude. Elle repartira sur votre gauche en prenant un angle différent et un autre nom, celui des Saints Cœurs. Vous pourrez y découvrir un angle d’une rénovation réussie dans la citée moderne. Quelques pas plus loin sur votre gauche la rue Gergi Zeidan de l’ancienne Résidence des Jésuites viendra s’arrêter sur votre trajet pour vous saluer discrètement.

A l’angle, une belle maison laissée à l’abandon vous regardera passer dans un silence méditatif de ses fenêtres béantes aux contours sculptés. Jonchée de feuilles mortes une ancienne et belle entrée aux escaliers changeant de rythme toutes les cinq marches en prenant appuie sur des balustrades, ne reçoit plus grand monde depuis longtemps. Elle se ferme par un portail rouillé nous offrant les charmes de la nostalgie au travers de ses grilles tandis que les vantaux du bas appellent encore discrètement le propriétaire de ses initiales à demi effacées ; M sur l’un des battant, H deviné sur l’autre.

Encore quelques pas plus larges, car vous êtes maintenant arrivé au sommet du plateau, le premier vrai croisement vous mettra en contact avec la rue Huvelin sur votre droite qui sur l’autre côté avait pour nom Ghandour. Là, vous êtes au cœur de l’activité bien paisible de notre rue. Deux ou trois chauffeurs de taxis égrenant leur patience d’ambre vous dévisagent en silence. Non, vous n’avez besoin de personne. D’ailleurs d’avoir la nécessité immédiate de partir à toute vitesse aurait quelque chose d’incongrue. Un café attend les étudiants et les étudiantes qui viendront ou sortiront de cours. Ensuite sur la droite, l’église Orthodoxe de Notre Dame de l’Annonciation environnée de palmes vous observera de son abside par-dessus son mur de clôture au travers de sa grille. Vous êtes passé devant divers magasins cependant ils ont l’air d’être là, juste pour enchanter votre promenade. La preuve certaines vitrines sont la concrétisation d’un rêve d’une jeune vendeuse; fleuriste, musique, colifichets, cadeaux, coiffure. Une autre église vous attend sur l’autre côte ; Saint Antoine le Grand. Elle marque son temps par son style ; ronde et de pierre de taille. Vous vous souvenez des années soixante ? Pas très loin l’annonce de luxe « Au gant rouge » vous intrigue. Enfin vous arriverez le plus sereinement possible sur la rue de Wadi El Englizi qui vous votre trajectoire. Vous devrez choisir. Soit poursuivre sur la droite vers la place Sodeco quelques pas plus loin, soit sur la gauche vers la place Sassine. A moins que vous n’ayez un rendez-vous afin de déjeuner au célèbre restaurant d’Al Dente dont l’entrée est dans l’axe de la rue du Liban. Si vous êtes vraiment perdu de rêves vous pourrez réserver à l’hôtel « Albergo » qui vous reçoit par ce restaurant.

Toutefois vous pourrez très bien arrêter vos pas sur le bord du trottoir dans votre course de la vie, afin de mieux réfléchir à l’importance d’une rencontre, aux conséquences d’une décision, aux risques d’un échec, aux espérances d’un succès. La rue du Liban vous offre un lieu de délibération tranquille. Vous ne dérangez personne et même vous pouvez sentir comme un accueil silencieux. Chaque porche d’entrée dans leur décoration vous raconte les résultats des décisions de vos prédécesseurs. Ce portail-ci avec les lignes droites d’Art déco vous ramène au temps de la fin du Mandat tandis que le voisin avec ses ferrures plus courbes vous suggère un reste d’Art nouveau. Vous remonterez dans le temps, d’une décennie. Oui, ici, aussi il y eût des hommes pressés, comme vous, et avant vous. Quelques uns arrivèrent à afficher et à arrêter sur cette belle rue leurs succès accomplis, avec leurs goûts. Des ramures de jardins débordants d’une vie généreuse bousculent parfois les clôtures marquant une prospérité d’autrefois, plus grande. Vous découvrez au travers des branches un balcon à la balustrade vide. Il vous dit quelle demoiselle s’y accouda en attente d’espoirs de jadis et naguère. Rarement mais parfois quand même, quelques notes de piano vous surprennent. En une courte mélodie le frisson de la vie persiste doucement dans le cœur des humains, comme la sève dans les branches des arbres. Nous allions l’oublier.

Justement un cyprès, que vous n’aviez pas remarqué auparavant, devant vos yeux s’élève de toute sa vigueur vers l’azur des cieux. Tout là haut volent quelques oiseaux. Ainsi au tracé rectiligne de la rue par l’architecte répond la verticale de la flèche végétale dans toute la somptuosité, l’abondance de sa vie. Chaque ramure se serre et monte plus haut l’une que l’autre dans un crescendo naturel sans bruit sinon quelques piaillements de moineaux querelleurs ou amoureux. Vous attardant au sommet, la cime sur fond céruléen vous offre l’image immobile de l’intemporel. Même le plus léger frisson de l’air du jour ne trouble en aucune manière la profondeur du spectacle silencieux. Ce personnage végétal est bien souvent d’ailleurs totalement immobile.

Où êtes-vous ? Aujourd’hui ou hier, ou peut-être encore, déjà demain. Le chant de l’heure devient intemporel, vos aïeux virent la même symphonie ; un cyprès dans le ciel d’une rue montante. D’autres adolescents passeront avec vos mêmes inquiétudes rajeunies devant le même panorama. Vous pourriez être Phéniciens, Grecs, Latins ou Français des Echelles sans changer un atome de Démocrite. La flèche de Zénon d’Elée se fige dans le paradoxe de vos sensations faisant vibrer des sentiments indépendants du temps. Entre deux battements de cœur, deux souffles de votre respiration peut-être avez-vous une sensation tangentielle de l’éternité factuelle.

Après quelques très courts instants dans cette vérité de vie au Liban, votre esprit un moment surpris reprend ses droits. Milles idées brièvement contenues vers l’extérieur reviennent avec plus de force presque malgré vous, troubler votre vue. Ensuite votre montre ou un bruit particulier vous ramène sur le théâtre du monde. Il faut aller de l’avant. On vous attend ici ou là. Vous espérez ceci de celui-là ou cela ce celui-ci. Oui, vraiment cette rue mérite son nom de « Rue du Liban » par ce qu’elle vous apporte de constant et de permanent, de léger et de profond, de futile et de sérieux. N’est ce pas dans cette rue où nous pouvons mieux ressentir la vanité du monde mais aussi son humilité la plus sincère. ?

Maintenant les nouveaux architectes élèvent les verticales d’immeubles babyloniens dont votre cou ne peut suivre les sommets. Les matériaux se manifestent dans toute leurs splendeurs ; marbres ocres, aciers brillants, verres aux tons aquatiques dans les premiers étages prenant des reflets de ciel pour la suite de l’ascension. Côtoyant les autres âges, un nouveau monde naît.

L'arrêté du 17/1/1924 N.2385 modifié par la loi N.75 du 3/4/1999 (Articles 2,5,15,49 et 85) stipule: L'auteur d'une oeuvre littéraire ou artistique détient du seul fait de sa création un droit de propriété absolue sur cette oeuvre, sans obligation de procédures formelles. L'auteur de l'oeuvre bénéficiera lui-même de l'exploitation de son oeuvre, il possède le droit exclusif de la publier, et de la reproduire sous quelques formes que ce soit. Qu'il s'agisse ou non d'oeuvres tombées dans le domaine public, seront punis d'un emprisonnement d'un mois à trois ans et d'une amende de cinq millions à cinquante millions de livres libanaises ou à l'une des deux peines seulement, ceux qui: 1-auront apposé ou fait apposé fraudulement un nom usurpé sur une oeuvre littéraire ou artistique; 2-auront, pour tromper l'acheteur, frauduleusement imité la signature ou le signe adopté par un auteur; 3-auront contrefait une oeuvre littéraire ou artistique; 4-auront sciement vendu, recelé, mis en vente ou en circulation l'oeuvre contrefaite ou signée d'un faux nom. La peine sera aggravée en cas de récidive. Copyright DiscoverLebanon.com

 

 


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