Vacances Liban, Vestiges Oubliés, Trésors Naturels Méconnus

Spécial Vacances - Hors des sentiers battus - Aller là où personne ne va

Les sites touristiques au Liban sont légion. Y affluent, chaque saison, des centaines de milliers de vacanciers qui suivent un parcours préparé à l'avance, ponctué d'étapes prestigieuses mais éculées. Et si, pour redécouvrir le pays du cèdre dans toute sa splendeur, nous vous proposions des endroits méconnus, peu arpentés, témoignages encore vierges de notre patrimoine?

Quand ils arrivent sur le sol libanais, l'immense majorité des touristes ont déjà entouré sur leur guide les étapes incontournables auxquels ils ne peuvent échapper. Ah, quelles merveilles naturelles, ces grottes de Jeita, cette vallée de Kadicha et ces forets de cèdres! Et ces vestiges de l'Histoire, la citadelle de Byblos, les ruines de Baalbeck et le palais de Beiteddine! La nuit ces mêmes visiteurs, qui se seront prélassés dans la journée - un œil braqué sur les silhouettes sculpturales des Libanaises -, sur les plages des complexes hôteliers du littoral, s'émerveilleront de la vie nocturne de Beyrouth, de la modernité un peu kitsch du centre-ville, du labyrinthe de Gemmayzé et de l'authenticité de la rue Hamra.

Le circuit est bien rôdé, mais les cartes postales se ressemblent sensiblement.

De retour dans leur pays, vous les entendrez sortir des saillies du genre "c'est incroyable qu'un si petit pays comme le Liban puisse regorger d'autant de trésors" ou "ces libanais, quelle vitalité! Malgré la guerre, il savent faire la fête...". Alors, certes, les touristes sont les champions des lieux communs. Et bien souvent, les caricatures sont empreintes d'une certaine vérité. Mais peut-on penser une seule seconde que la France se résume au Paris des monuments, aux Châteaux de la Loire et à la Cote d'Azur grandiloquente? Pour sortir de ces représentations, nous ne vous proposons pas un guide touristique, comme il en existe des centaines, mais des étapes de voyage qui serviront aussi bien aux étrangers qu'aux natifs, qui ne connaissent que très peu les sites dont il est question. Pour découvrir quelques-uns des trésors cachés du littoral, des montagnes et de l'Histoire du Liban, suivez le guide!

Ces Vestiges Oubliés

Si l'archéologie et l'Histoire vous intéressent, certains villages offrent des alternatives à grande valeur historique.

Dans la Bekaa, après avoir visité Baalbeck, prenez la route pour Furzol, où se cachent les ruines d'un temple romain. Kamid al-Loz est une preuve vivante de l'histoire changeante du Liban. Cette colline artificielle, formée par les civilisations qui ont construit les unes sur les fondations des autres, a commencé sa croissance à l'Age de Pierre, il y a 7000 ans. Elle a atteint sa hauteur maximale pendant l'ère Perse, au IVe siècle avant Jésus-Christ. La colline a enfoui toute une variété de structures urbaines, temples et constructions défensives, palaces, ateliers et petites habitations. Des tablettes d'argile découvertes sur le site indiquent qu'il fut la capitale d'une ancienne colonie égyptienne.

Au sud du pays, dans la région de Bint Jbeil, le village de Tebnine campe un impressionnant château croisé, porteur d'une grande richesse historique. Après être tombé aux mains des mamelouks et des Ottomans, les traits de cette forteresse de 2000 m2, ainsi que sa vue panoramique, ont survécu aux conquêtes et au temps. Célèbre pour ses travaux de couture, Baakline, dans le Chouf, a joué un rôle important dans l'histoire du Liban. Remontant au XIIe siècle, le village possède un magnifique Grand Sérail, construit en 1837, qui fut le lieu de naissance de l'émir Fakhreddine, deuxième du nom.

Contrairement à l'idée reçue, les ruines romaines les mieux conservées se trouvent dans le nord du pays, dans le village de Sfireh. Situé dans le caza de Minié-Denniyé, il abrite au moins trois temples romains, et l'un d'eux a gardé la hauteur d'origine de ses murs. Zghorta abrite la Forteresse Aal, construite, en 1816, par Moustapha Barbar Agha. Cette forteresse captivante est un monde à elle toute seule, avec les quartiers des femmes, de petites pièces, une cour et même une mosquée, ainsi qu'un cimetière dans le sol du château. Dans le Akkar, Arqa a également une colline artificielle. Ses fondations datent du Nouvel Age de Pierre, elles s'ajoutèrent à des centaines de tombes anciennes. Au fil du temps, des peuples de l'Age du Bronze s'y installèrent, suivis par les Canaanites qui, plus tard, furent connus en tant que Phéniciens.

Des Trésors Naturels Méconnus

Dame Nature a fait du Liban un précieux écrin. En témoignent les réserves naturelles et autres sites impressionnants. Au large de Tripoli, la réserve de Palm Island, une ile de 5 km2, est une zone-clé pour les oiseaux, un marécage où vivent de rares éponges sous-marines. Ses plages sont d'importants sites de pontes pour les tortues marines. Parmi les visiteurs, on compte aussi une variété de phoques grandement menacée. Toujours dans le Nord, la réserve de Horch Ehden est une forêt qui abrite de nombreuses espèces animales en danger: Oiseaux, papillons et insectes y côtoient des arbres luxuriants. Les cèdres côtoient les pins, les prunes sauvages, les poires, les sapins et la dernière communauté forestière de pommes sauvages. A Tannourine, la réserve de la forêt des Cèdres est la plus grande au Liban, avec des centaines de plantes rares et de nombreuses espèces d'animaux et d'oiseaux en danger. Sur les hauteurs de Jbeil, la réserve de Bentael est une forêt de pins méditerranéenne. Dans la Bekaa, la réserve de Yammouné abrite une variété de vieux genévriers et un poisson libanais rare: le vairon. Au Sud, la réserve de Tyr est lieu ensoleillé en bord de mer, qui attire de nombreux oiseaux et représente un site de nidification pour les tortues marines menacées. Les étangs d'eau fraiche de Ras al-Ain, ainsi que les marécages environnants abritent de nombreuses grenouilles et espèces d'amphibiens. Mais la plus grande d'entres elles est la réserve des Cendres du Chouf. Toujours dans la Bekaa, ne manquez pas les grottes de Wadi al-Habis, dite la Vallée de l'Ermite. Ces grottes, à moitié naturelles et à moitié réalisées par l'homme, sont en forme de dômes et contiennent une quantité de mystères non découverts encore. Certaines étaient utilisées comme cimetières, d'autres comme lieux de cérémonies religieuses. On distingue également une pièce, dont certains pensent qu'elle a pu être un temple dédié au dieu phénicien Baal.

Le Mont-Liban Alternatif

Pour les visiteurs du pays, trouver un lit n'est pas un problème. Soit ils couchent chez la famille ou des amis, dans leurs chères et tendres maisons, soit ils choisissent le chalet de montagne ou la chambre d'hôtel. Pourtant, le Liban propose des multitudes d'alternatives pour dormir ou loger. Pour les amoureux de la mer, reportez-vous sur les campings, irréductibles lieux de résistance aux complexes balnéaires qui ont envahi le littoral. A Amchit, le petit camping Les Colombes, perché sur une falaise, vous offre la Méditerranée comme si elle était vôtre. Pour les amateurs de montagne, de nombreux foyers religieux, situés à une demi-heure de la plage, sont à disposition et à bas prix. Dans la région de Jbeil, choisissez l'Oasis Saint-Charbel à Annaya ou le Foyer de Charité à Adonis. Dans le Kesrouan, rendez-vous à la Reserve d'Afqa, à Notre-Dame de Bzoummar, à Kleyaat, à Harissa ou à Ajaltoun. Dans le Metn, visitez Beit Mery et suivez la route qui monte à Bhersaf. Et profitez des auberges et des gites du Chouf, pour vous imprégner de la nature luxuriante!

Le Témoignage des Villages Séculaires

Le Liban est le pays des villages. Loin de la frénésie des cités de béton, arpentez au moins deux villages. Sur la route de Beyrouth qui mène à Zahlé, arrêtez-vous sur la magnifique localité de Mtein. On y remonte deux ou trois cents ans, dans un passé presque oublié. Au début du XVI siècle, les émirs Al-Lamahiyine firent de Mtein leur lieu de vie, et commencèrent à construire des palaces et des grands bâtiments. Finalement, le village se développa pendant le règne ottoman. Il devint célèbre pour la très grande qualité de sa soie. Aujourd'hui, non seulement Mtein garde un parfum du passé, mais en plus, il cultive de grands vignobles et produits de l'arak.

Autre village incontournable, celui de Faqra. Dans le Kesrouan. Ce village est un concentré des beautés de cette région. L’espace naturel du site se caractérise, d'abord, par la bien-nommée zone des rochers. Le clou du spectacle offert par cet ensemble rocheux est un pont naturel, le Jisr Al-Hajar, rocher monolithique en forme d'arche qui surplombe la rivière de Nabaa Al-Laban. On y trouve également des vestiges et des ruines qui ont fondu avec le relief. D'autres villages sont particulièrement attractifs: Douma, par exemple, inscrit dans un magnifique décor naturel; Beit Chabab, où l'on forge encore des cloches d'églises; Rachaya, avec ses charmantes maisons traditionnelles; Jezzine, et ses chutes d'eau stupéfiantes, et Amchit, dont les villas de bois présentent de superbes fresques.

Quelle différence existe-t-il entre le tourisme et le voyage? Elle réside dans la racine de ces mots. Dans "tourisme", il y a "tour", qui contraint à suivre un parcours prédéfini pour optimiser son temps à disposition. Le voyageur, lui, est libre, prend le temps, va au fond des choses. Il n'atterrit pas, il se pose. Il ne s'amuse pas, il profite. Il n'est pas en vacances. Il se repose. Il ne visite pas, il découvre.

Julien Abi Ramia