admin
Site Admin
Joined: 09 Mar 2007 Posts: 529 Location: Jbeil Byblos |
|
Patrimoine Liban: château de Beaufort, Sérail de Baabda... |
|
Le Patrimoine en Péril - "Une bataille au quotidien"
Le château de Beaufort, Le Sérail de Baabda et les églises byzantines du Koura: où en sont les projets de réhabilitation et de restauration? L'Agenda Culturel a voulu en savoir davantage en interrogeant Fréderic Husseini, le directeur général des Antiquités au sein du ministère de la Culture.
Régulièrement, chaque quelques mois, la même polémique ressurgit. Comment protéger le patrimoine du Liban? Chaque nouvel immeuble qu'on détruit à Beyrouth et ses alentours, pour construire à la place tours et centres commerciaux, s'accompagne d'une mobilisation tous azimuts des défenseurs du patrimoine et d'une campagne médiatique. Parfois l'objectif est atteint:
La destruction est stoppée, du moins momentanément, presque toujours momentanément... en attendant... soit de reprendre les travaux de démolissage et de construction, soit d'entamer une procédure de réhabilitation de l'ancienne demeure.
Mais certains sites historique sont d'emblée dédiés à être sauvés et réhabilités. Le château de Beaufort, au sud du pays, en est l'exemple parfait. Construit aux environs de 1139, le château de Beaufort a été le témoin de tous les événements qui on ensanglanté le pays. Toutes ces données sont actuellement compilées dans les dossiers de la Direction générale des Antiquités (DGA).
Selon son directeur général, Fréderic Husseini, le chantier de réhabilitation et de mise en valeur de ce site archéologique devrait être lancé en avril 2009, pour s'achever deux à trois and plus tard.
Dès la libération du Liban-Sud en 2000, la DGA a commencé par établir un projet de restauration du château de Beaufort et des études préalables pour déterminer la somme nécessaire au projet; une somme de 2 millions 900 mille dollars.
En 2007, la DGA a transféré une somme de 900 mille dollars au Conseil de développement et de reconstruction (CDR) en charge des travaux de réhabilitation.
Une somme complétée en 2008 par le Fonds koweitien de développement social et économique.
Mais qu'est-ce qui motive le Koweït? D'abord le fait que le château de Beaufort est un site emblématique, en raison notamment de son occupation par les Israéliens durant l'invasion de 1982, ensuite le fait que cette contribution monétaire renforce la visibilité du Koweït, surtout après la guerre de Juillet-Aout 2006, d'après Husseini.
En tous cas, c'est la CDR qui gère tous les dossiers nécessaires, du lancement du projet de restauration.
Une richesse archéologique
D'autres sites présentent plus de complications, tels le Sérail de Baabda. Il s'agit d'un monument historique "occupé par des administrations et qui n'est pas encore classé", explique Frédéric Husseini. L'Association libanaise pour le développement local, menée par Marie-Claude Helou-Saadé a pris en main la préservation de ce bâtiment. La 1ère étape consiste donc à le classer, le processus étant déjà en cours. Mais là où ça se complique, c'est au niveau de la phase d'étude préalable. La DGA devra élucider le problème de l'occupation de la bâtisse, notamment de la part du Mohafez du Mont-Liban, soit donc à délocaliser ces administrations tout en préservant leur rôle. La DGA se penche actuellement sur ce point, afin de donner le feu vert au CDR pour financer l'étude relative au Sérail de Baabda.
Le château de Beaufort et le Sérail de Baabda appartiennent tous deux à l'Etat, la DGA peut donc agir directement, en finançant une partie du projet de restauration. Cela ne s'applique pas à certains sites historiques qui en sont privés. C'est ainsi que les églises byzantines de Koura sont prises en charge par des associations en collaboration avec le patriarcat.
En parallèle à ces projets, la DGA s'occupe de la restauration de plusieurs sites historiques.
Le projet Cultural Héritage and Urban Developement (CHUD) vise à protéger, réhabiliter et revitaliser les centres urbains dans cinq villes historiques du Liban: Tripoli, Baalbeck, Saida, Tripoli et Tyr.
Le projet est une initiative du gouvernement libanais, par l'entremise du CDR et avec le support de la Banque mondiale surtout, mais aussi la contribution des gouvernements français et italien. L'enveloppe générale du projet est de l'ordre de 62 millions de dollars. Lancé en 2001 sous le mandat de l'ancien ministre de la Culture Ghassan Salamé, le CHUD devra s'achever d'ici l'an 2012 environ.
Autant de projets qui se font en fonction des moyens limités et "négligeables" de la Direction générale des Antiquités qui ambitionne d'en faire beaucoup plus. C'est "une bataille au quotidien" affirme Frédéric Husseini, qui clôt le débat par cette amère constatation:
"Il vaut mieux, pour le moment, que ce qui est sous terre reste sous terre", en attendant d'avoir une politique d'Etat et une réglementation adéquate pour la protection et la réhabilitation du patrimoine libanais, parce que le Liban regorge de vestiges et d'antiquités enfouies sous ses multiples couches souterraines. Beyrouth a bien été enterrée sept fois?
Nayla Rached (Agenda Culturel no. 340 du 4 au 17 février 2009)
|
|